Il est désormais clair que l'ONU ne fera absolument rien pour venir en aide aux Palestiniens qui luttent pour le recouvrement de leurs droits nationaux, comme le reconnaît et le soutient la doctrine même de cette organisation. Trop de tractations, et trop de marchandages stériles et vains dans le même temps, non parce que les données de la question du Proche-Orient ont changé par on ne sait quel miracle, mais parce qu'il y a cette fois une attitude complice ou du moins complaisante à l'égard de la politique criminelle d'Israël. Et en ce sens, l'appel lancé samedi par le secrétaire général de l'ONU est celui d'un homme seul, sans jamais sortir de ses prérogatives. C'est-à-dire que toute déclaration politique relève des attributions du Conseil de sécurité verrouillé comme on le sait. C'est pourquoi Kofi Annan s'est contenté de se faire l'écho des différentes organisations humanitaires qu'elles soient sous son autorité ou non, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire. Il a ainsi réclamé samedi l'accès immédiat du personnel et de l'aide humanitaire de l'ONU à la bande de Ghaza où Israël mène sa plus vaste agression depuis une année. « Le passage de vivres et d'autres fournitures essentielles par le terminal commercial de Karni doit être assuré, et les restrictions au mouvement et à l'accès des agences de l'ONU doivent être levées immédiatement », a déclaré M. Annan dans un communiqué publié par son bureau. Le secrétaire général de l'ONU a noté que le bombardement le 28 juin par les Israéliens de la seule centrale électrique de la bande de Ghaza à eu un impact « d'une portée incalculable » sur les hôpitaux et les systèmes d'égouts et de distribution de l'eau du territoire et a demandé que le gouvernement israélien remplace d'urgence les équipements détruits. « Je renouvelle mon appel à tous ceux concernés d'exercer la plus grande retenue et de respecter leurs obligations en vertu des lois humanitaires internationales », a-t-il ajouté. Les agences de l'ONU, travaillant dans les territoires palestiniens, ont averti que Ghaza était au bord d'un désastre humanitaire à moins d'une action « immédiate et urgente ». « Une situation déjà alarmante à Ghaza avec un taux de pauvreté de près de 80% et de chômage approchant les 40% risque de se détériorer rapidement, à moins qu'une action immédiate et urgente ne soit prise », ont déclaré les agences humanitaires des Nations unies dans un communiqué, soulignant que Ghaza doit faire face à un manque d'énergie, d'eau et de vivres. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les hôpitaux et centres de soins ne disposent d'énergie pour pouvoir fonctionner que pour un maximum de deux semaines. L'alimentation en eau de la bande de Ghaza a été réduite des deux tiers et la situation alimentaire, déjà critique, a été aggravée par le manque d'énergie électrique, selon les agences de l'ONU. « Bien qu'Israël ait des préoccupations légitimes de sécurité, la loi humanitaire internationale requière que les principes de proportionnalité et de distinction entre les civils et les combattants soient respectés à tout moment », a souligné, de son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, sourd aux appels des Palestiniens et auteur d'une grave omission, celle qui consiste à traiter de la réalité, qui est l'occupation de territoires palestiniens par Israël. Ce n'est pas de cette manière que le droit est défendu. Il est franchement mutilé. « L'interdiction de viser des civils est également violée par les groupes armés palestiniens qui tirent des missiles depuis la bande de Ghaza sur Israël et cela doit donc cesser », a-t-il ajouté. Depuis le 5 juillet, 45 Palestiniens et un soldat israélien ont été tués dans la bande de Ghaza. Sur le front politique, le secrétaire du gouvernement israélien Israël Maïmon a rejeté une nouvelle fois la proposition du Premier ministre palestinien Ismaïl Hanyieh, issu du Hamas, pour « un arrêt bilatéral de toutes les opérations militaires ». Sur le terrain, des unités de blindés et du génie israélien ont effectué hier matin une incursion dans le secteur de Karni, un des points de passage entre Israël et le nord de la bande de Ghaza. Le problème est d'abord politique même s'il comporte un volet humanitaire. Mais celui-ci, comme l'a relevé l'universitaire suisse Jean Ziegler, auteur d'un rapport pour l'ONU sur cette même question, est lié à l'occupation. Israël a détruit les fondements mêmes de ce qui semblait être l'embryon de l'économie palestinienne, rien que pour accentuer leur dépendance à son égard.