La situation imposée aux Palestiniens depuis le 25 juin dernier est toujours aussi dramatique. Une situation d'autant plus intenable qu'elle a lieu dans un silence complet, et que les organisations supposées intervenir sont demeurées silencieuses. Où sont donc des ONG (Organisations non gouvernementales) habituées à pointer et relever les atteintes aux droits de l'homme ? Faut-il comprendre que la seule implication d'Israël les rende sans voix ou subitement absentes ? Quant à l'ONU supposée se réunir en urgence – l'Algérie en a fait deux fois la demande –, elle a donné l'assurance que rien ne se produira. Elle préfère traiter des fameux missiles coréens dont il est permis de douter de l'efficacité. C'est une honte pour le monde de voir les Palestiniens ainsi traités, et leurs droits bafoués, avec un soutien zélé de tous ceux connus pour leur indignation sélective. C'est un scandale que de compter les morts depuis 1948, et les rations alimentaires à distribuer à un peuple qui vit dans des camps de réfugiés depuis qu'il a été chassé de sa terre. Ghaza est, en elle-même, un immense camp de réfugiés que le simple bon sens à du mal à décrire. Mais tout comme la Cisjordanie et la ville sainte d'El Qods, elle est victime d'une trahison à la dimension jamais atteinte. Ce n'est donc pas un repli ou une nouvelle attaque israélienne qui changeront ces données. En ce qui concerne la journée d'hier, les Palestiniens dénombrent quatre nouvelles victimes de tirs israéliens à Ghaza-ville, au moment où l'armée israélienne réoccupait littéralement ce territoire. Des dizaines de tanks ont pénétré peu avant l'aube par les points de passage de Karni et de Nahal Oz, entre la bande de Ghaza et Israël, et ont avancé d'environ un kilomètre pour atteindre la périphérie de deux quartiers de l'est de Ghaza, Choujaïa et Zeïtoun, selon des témoins et une source de sécurité. « Quatre tanks ont fermé les accès de la zone industrielle de Karni, et des sacs de sable ont été placés aux entrées. Nous sommes enfermés dedans et les Israéliens ne nous laissent pas sortir », a indiqué un membre des forces de sécurité palestiniennes. Le passage de Karni est le seul point de transit de marchandises entre la bande de Ghaza et Israël. Deux membres des Brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du Hamas, ont été tués par des tirs israéliens, alors qu'ils se trouvaient à Choujaïa, a indiqué ce mouvement qui dirige le gouvernement palestinien. Plus tôt, un membre de la sécurité nationale a été tué et plusieurs personnes ont été blessées par un tir de drone dans le quartier Zeïtoun, selon des sources médicales et sécuritaires palestiniennes. Dans le même temps, l'armée israélienne s'est retirée des localités du nord de ce territoire. Des témoins et des sources sécuritaires palestiniennes ont constaté que les troupes israéliennes se sont retirées de deux quartiers situés à l'ouest de Beit Lahya et des ruines de trois colonies juives, Dougit, Eilé Sinaï et Nitzanit, où des blindés avaient pris position mercredi soir et jeudi matin. Ces sources ont précisé que l'armée s'était repliée vers une « zone de sécurité » établie il y a plusieurs mois à la frontière entre le nord de la bande de Ghaza et Israël. Mais Israël s'est avéré incapable d'empêcher le tir de roquettes. Depuis le début de cette nouvelle invasion, dix-sept roquettes palestiniennes ont été tirées sur Israël, blessant légèrement trois personnes. Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé vendredi le monde à intervenir pour faire cesser l'offensive. « Le monde doit faire cesser cette agression et cette invasion inhumaine pour que nos efforts puissent aboutir », a déclaré M. Abbas en référence aux tractations en cours pour obtenir la libération du soldat. Et presque en guise de réponse, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a appelé vendredi Israël à arrêter immédiatement son « usage disproportionné de la force » à Ghaza, tout en demandant la libération d'un soldat israélien enlevé par des militants palestiniens. « J'appelle à nouveau à un arrêt immédiat de l'usage disproportionné de la force par Israël, qui a déjà tué et blessé de nombreux civils, à la libération du caporal de l'armée israélienne Gilad Shalit, et à la fin des tirs de roquettes à l'encontre d'Israël », a dit Kofi Annan dans un communiqué rendu public à New York. « Ces mesures sont un préalable indispensable pour désamorcer les tensions qui chaque jour s'aggravent », a-t-il dit. Il a également appelé les 15 membres du Conseil de sécurité à adopter « une position claire » sur la question. Une manière de mettre cette instance devant ses responsabilités, alors qu'elle discute d'un projet de résolution exigeant le retrait immédiat des forces israéliennes de Ghaza et la libération des responsables palestiniens détenus. Mais le projet est bloqué par les Etats-Unis, alliés d'Israël et détenteurs du droit de veto au Conseil de sécurité, qui le considèrent comme « déséquilibré » car il ne mentionne pas les tirs de roquettes palestiniennes sur Israël ni l'enlèvement d'un soldat israélien par des groupes armés palestiniens. Mais y faire mention risque de falsifier les données de la question palestinienne, c'est-à-dire faire des Palestiniens les responsables de cette violence, alors même qu'ils luttent pour le recouvrement de leurs droits. Ce que le monde ne peut ignorer.