La politique de la terre brûlée initiée par Sharon entre dans une nouvelle phase avec la prise de fonction du gouvernement de droite. Le carnage et le génocide du peuple palestinien se poursuivent dans l'étrange mutisme de la communauté internationale, qui n'a toujours pas réagi aux exactions répétées de l'armée d'occupation israélienne contre la population palestinienne et, dans la nuit de dimanche à lundi, contre les camps de réfugiés palestiniens d'El-Boureij et de Khan Younès. Une dizaine de morts ont été comptabilisés lundi après le raid sanglant de l'armée israélienne contre les camps sus-cités. Que font donc l'ONU, la communauté internationale face à cette déferlante criminelle contre un peuple plus que jamais en danger de mort? De quelle lutte «face au terrorisme», s'agit-il, comme le déclare un porte-parole du département d'Etat américain qui se dit «préoccupé par les conséquences du raid israélien» sur les populations palestiniennes, quand le gouvernement réactionnaire du général Sharon s'acharne dans la punition collective du peuple palestinien et n'ayant jamais su raison gardée? Quelle lutte contre le «terrorisme» lorsque les bulldozers de l'armée d'occupation n'ont cessé, depuis deux ans, de détruire froidement les maisons des résistants et militants palestiniens faisant des territoires occupés un immense champ de ruines, sapant dans le même temps les assises d'un futur Etat palestinien? Parallèlement à ce que les Israéliens appellent «lutte contre le terrorisme» il y a aussi, et surtout, l'objectif arrêté de Sharon de morceler à l'extrême les territoires palestiniens, en en faisant des sortes de bantoustans, rendant aléatoire la mise sur pied d'un véritable Etat palestinien homogène doté des attributs de souveraineté. C'est l'objectif qu'applique sans relâche, depuis son accession au Premier ministère, le boucher de Sabra et Chatila, totalement opposé à l'érection d'un Etat palestinien indépendant et souverain. La punition collective dont est victime depuis deux années le peuple palestinien entre en droite ligne dans le but de le démoraliser et de le faire renoncer à ce pourquoi les Palestiniens luttent depuis 55 ans. Le dernier raid contre les camps de réfugiés, la démolition des maisons de résistants palestiniens à El-Boureij et Khan Younès entre dans ce processus d'empêchement des Palestiniens d'être rétablis dans leurs droits. Face à son silence coupable, c'est l'ensemble de la communauté internationale qui se fait complice des sombres desseins du maître de Tel-Aviv. Car, que font donc les Nations unies dont l'une des missions cardinales est bien de protéger les peuples en danger de mort? Et c'est bien le cas du peuple palestinien qui, depuis deux ans, crie, en vain, sa détresse et appelle, sans écho, l'ONU à venir à son aide, en commençant par déployer une force d'interposition entre les deux belligérants. Force que les Palestiniens ont demandée en vain jusqu'ici. Près de quatre mille Palestiniens ont été assassinés par l'armée israélienne depuis le début de l'Intifada, faut-il arriver à l'irréparable pour qu'enfin le Conseil de sécurité de l'ONU prenne ses responsabilités pleines et entières envers un peuple qui ne demande rien d'autre que son droit à édifier son Etat? Le fait est que, à peine installé (lundi), le nouveau gouvernement de droite d'Ariel Sharon, (avec l'apport de l'extrême droite), a annoncé la couleur en organisant une offensive massive, et un ratissage contre les camps palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. C'est sur ce fond de représailles de la population palestinienne que le président Arafat a convoqué pour samedi prochain le Conseil central de l'OLP (CC/OLP) dans le but d'amender la constitution en vue de la désignation d'un Premier ministre, qui sera chargé de la supervision des réformes. Après avoir rencontré, hier, des émissaires russes, européens et onusiens dans le cadre du suivi de la feuille de route du quartette (Russie, UE, ONU, USA), le président Arafat a déclaré: «Une poursuite des opérations militaires israéliennes et une limitation de la liberté de circulation des responsables palestiniens prouvent l'existence d'une conspiration (d'Israël) visant à nous empêcher de mettre en oeuvre nos réformes». Il est peut-être temps pour la communauté internationale de s'assumer en faisant enfin pression sur Israël afin de le contraindre à laisser sa chance à la paix.