La crise qui secoue la vallée du M'zab n'est pas essentiellement d'ordres ethnique ou religieux, elle est multidimensionnelle ; d'où la nécessité d'une approche républicaine pour sa prise en charge. Il s'agit là du constat établi par nombre d'observateurs et de représentants de partis politiques. Ramdane Taazibt, du Parti des travailleurs, est persuadé que la tragédie qui frappe les Ghardaouis trouve ses origines dans les problèmes socioéconomiques que connaît la région. Il est donc évident que l'approche communautaire adoptée par le pouvoir pour le retour au calme n'est pas la solution appropriée. «Si l'on veut sauver la vallée du M'zab, il faut assécher le vivier du désespoir. L'approche communautaire n'est pas la solution, celle sécuritaire est insuffisante : il faut une prise en charge des problèmes socioéconomiques de la population ; il faut opter pour le développement de cette ville», explique M. Taazibt, qui pense néanmoins qu'il y a «des forces occultes qui tentent de semer la fitna entre les deux communautés du M'zab». «Des organisations et des parties externes jettent de l'huile sur le feu, poussent au pourrissement et au chaos. Elles utilisent ces événements pour déstabiliser l'Etat. Cette situation profite aux barons de la drogue et aux groupes terroristes», déplore le PT. L'Etat doit isoler les manipulateurs A travers Ghardaïa, c'est l'intégrité et l'unité de l'Algérie qui sont visées. «En l'absence d'une solution juste au problème de Ghardaïa, les barons de la drogue, les terroristes, la mafia agissent pour déstabiliser la région en montant une communauté contre l'autre», estiment les partis politiques, qui s'élèvent contre la manipulation vulgaire des images sur les réseaux sociaux et ce, dans l'unique but d'exacerber le conflit actuel. «L'Etat doit assumer ses responsabilités. Il doit intervenir pour isoler les aventuriers de tout bord, les manipulateurs et ceux qui incitent à la violence», suggère M. Taazibt, pour qui un «plan Marshall» s'impose. Soufiane Djilali, le leader de Jil Jadid, s'interroge pour sa part sur les engagements du Premier ministre avant l'élection présidentielle : «Les affrontements à Ghardaïa durent depuis plusieurs mois, il y a eu mort d'homme. Sellal avait promis, avant l'élection, d'installer une tente dans la vallée du M'zab jusqu'au retour de la sécurité. Malheureusement, ses engagements électoraux se sont évaporés et les Ghardaouis se sentent abondonnés.» M. Djilali précise que ce qui se passe à Ghardaïa est un problème de fond qui relève de l'autorité de l'Etat. Selon lui, ce conflit ne peut être réglé par les déclarations du pouvoir ni celles de l'opposition. Le gouvernement doit trouver des solutions sur le terrain. «La responsabilité du président de la République et des hommes qui l'entourent est totalement engagée», note le président de Jil Jadid, tout en se demandant s'il n'y a pas quelque part une volonté de maintenir le chaos dans cette région. Le chaos sert les intérêts maffieux «On a laissé s'installer cette situation dangereuse qui a engendré l'insécurité et la haine entre les deux communautés. Il y a forcément des parties qui ne veulent pas que les troubles cessent à Ghardaïa. Le pourrissement sert des intérêt maffieux», note M. Djilali. Plusieurs formations politiques sont convaincues que le dialogue reste l'ultime recours pour le règlement de la crise qui secoue la vallée du M'zab. Norredine Tabal, porte-voix du MSP, pense qu'il est temps pour le gouvernement de changer de stratégie : «Toutes les solutions proposées par le pouvoir que ce soit à travers Sellal ou Belaiz n'ont pas apporté les fruits escomptés, car c'étaient des solutions temporaires. Ce qui se passe à Ghardaïa concerne tout le monde, d'où la nécessité d'impliquer toutes les forces de la société.» Le MSP dit avoir attiré l'attention des autorités sur la tragédie qui frappe Ghardaïa depuis des mois, en vain. «Les assurances du ministère de l'Intérieur et les démarches du Premier ministre n'ont pas été fructueuses. Les actes de violence ont redoublé. L'Etat doit agir avec fermeté», précise M. Tabal. Moussa Touati, du FNA, rappelle que la région de Ghardaïa a toujours été un carrefour de transactions commerciales ; aujourd'hui, avec ces troubles cycliques et les affrontements entre les deux communautés, la mafia y trouve son compte. «Contrairement aux informations véhiculées, le problème aujourd'hui réside dans la quantité d'armes qui circulent ainsi que la drogue qui transite par cette région. Incontestablement, ces trafiquants n'ont pas intérêt à ce que la stabilité revienne dans la vallée du M'zab», déplore M. Touati, tout en invitant l'Etat à user de tous les moyens pour combattre ces terroristes et ramener la paix à Ghardaïa. Nouara Djaffar, chargée de communication au RND, invite le pouvoir à démasquer les fauteurs de troubles et les criminels : «Le pouvoir a tenté de trouver des solutions, il doit poursuivre en initiant un dialogue avec les parties concernées et surtout couper l'herbe sous le pied des personnes malintentionnées.»