Après une virée dans la wilaya de Ghardaïa, qui a connu une série de troubles ces dernières semaines, Jil Jadid estime, dans un document d'analyse de la situation, que "l'Etat a perdu de son autorité morale" pour faire face à ce conflit. L'autorité politique, qui devait, selon Jil Jadid, prendre le dessus sur la gestion sécuritaire des événements, s'est avérée inefficace, du fait que "la scène politique, toujours manipulée par le pouvoir central, a perdu de sa crédibilité". Le parti ajoute que les fonctions d'un Etat républicain ne sont pas remplies, la justice est entravée pour des raisons politiciennes et ne remplit pas ses fonctions. Cet état de fait a créé, estime-t-il, des institutions "qui n'ont pas été pensées pour réguler des différences somme toute naturelles", mais le but "est d'organiser la répartition du pouvoir en fonction de la clientèle". Tout en dénonçant la gestion sécuritaire du conflit, en précisant qu'elle "ne règle rien fondamentalement", Jil Jadid insiste sur le fait que c'est le politique qui devait prendre le relais. Mais le politique, regrette le parti, "par son artificialité et son incompétence, est absent". "Tous ces ingrédients ne peuvent mener que vers des affrontements encore plus dangereux pour la stabilité du pays en entier", avertit le parti, pour qui "la distribution aléatoire d'argent et de promesses ne règlera rien dans le fond et préparera au contraire la prochaine crise". L'analyse faite par le parti de Soufiane Djilali est revenue sur la genèse du conflit, en rappelant que les troubles vécus ne sont en fait que les derniers en date d'une série qui a commencé depuis des décades dans cette région, précisément depuis 1975. Au-delà des éléments factuels que le parti a énumérés, il précise qu'il s'agit d'une tension entre communautés qui a des causes objectives et qui peuvent être résolues par une démarche rationnelle. "Les causes de cette mésentente se situent à trois niveaux", analyse le parti. Hormis le plan politique caractérisé par une défaillance de l'Etat, Jil Jadid évoque deux autres niveaux, à savoir un conflit d'ordre socioéconomique et un autre sociologique. Après une lecture des spécificités sociologiques des deux communautés, et en mettant en exergue les différences entre Chaâmbis et Mozabites, Jil Jadid a exclu la dimension religieuse du conflit, en indiquant que "ni les uns ni les autres n'ont fait référence aux rites, malékite et ibadite". Plus loin, le parti évoque l'émergence de disparités socioéconomiques à partir des différences sociologiques. Il explique que la différence dans l'organisation sociale entre les deux communautés a accentué les disparités socio-économiques. Comme solution, le parti appelle au rétablissement "d'un vrai dialogue intercommunautaire", avec "un programme scolaire dès le primaire qui reconnaisse les dimensions identitaires en les rendant complémentaires et non pas en niant leur différence". Jil Jadid prône aussi la création "de valeurs de respect, de tolérance et de fraternité dès le jeune âge par une prise en charge par des activités culturelles, sportives ou sociales en offrant une mixité intelligente pour intégrer les uns aux autres". Le document ajoute que "tous les éléments d'une aggravation comme d'une résolution de la situation sont là". Car, précise-t-on, "seule une vraie autorité publique peut favoriser, grâce à ses moyens, un dialogue intercommunautaire, par ailleurs voulu et espéré par toutes les parties". M. M Nom Adresse email