La ministre fait valoir sa décision de mener un travail de fond en ouvrant grands les dossiers du secteur à la concertation. L'école est un sujet d'insatisfaction partagé par tous : parents, élèves, enseignants et même cadres du ministère», a reconnu mardi, Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, devant les invités du forum du quotidien Liberté. «L'échec relève moins de la réforme de l'éducation elle-même que de la manière dont ont été mises en œuvre certaines de ses dispositions. Cette réforme a souffert de manque de communication», concède Mme Benghebrit. Partant de ce constat, la conférencière s'est attelée à expliquer les grands axes de la politique qu'elle ambitionne de mener. Imprenable sur les différents dossiers du secteur, elle affirme que l'école algérienne a atteint les trois principaux objectifs qu'elle s'est fixé, à savoir : la démocratisation de l'éducation, l'algérianisation et l'arabisation. «D'autres buts sont encore en souffrance, telle l'égalité des chances entre régions», explique-t-elle, en insistant sur le fait que la mise en œuvre de la réforme de l'éducation menée depuis 2003 a été perturbée par «un certain nombre de paramètres». Elle citera dans ce sens, durant la conférence-débat : «L'aberration du seuil des révisions» appliqué pour la septième année consécutive à l'examen du baccalauréat, l'élaboration de manuels scolaires «sans guide méthodologique ni référentiel», les disparités entre régions, la perturbation des calendriers pédagogiques, les insuffisances en matière de formation du personnel et l'insuffisance des réalisations en termes d'infrastructures. Pour pallier ces travers, la ministre fait valoir sa décision de mener un travail de fond en ouvrant grands les dossiers du secteur à la concertation. «Le dossier est ouvert», la phrase revient comme un leitmotiv pour répondre aux questions et propositions des intervenants. Défendant avec insistance le contenu de la réforme de l'éducation dite Benzaghou, Mme Benghebrit soutient qu'il faut plutôt l'accompagner en engageant des actions de «rupture, de médiation et de continuation selon les dispositions. Il faut faire marcher les trois leviers», préconise-t-elle, en faisant référence au trois axes prioritaires qu'elle s'est fixés pour la réanimation du secteur, à savoir : la gouvernance, la refonte pédagogique et la professionnalisation de l'ensemble des acteurs du secteur. «Ce qui nous intéresse avant tout, c'est l'élève. Il faut s'enquérir d'abord de la pratique de la classe avant les discours», revendique la ministre, qui promet un large débat ouvert à tous lors des Assises nationales sur l'éducation qui auront lieu les 20 et 21 juillet. Ces assises, qui représentent «la dernière étape de l'évaluation de la réforme du système éducatif», permettront l'étude de quelque 400 propositions émanant des rencontres organisées dans les wilayas. 145 demandes de recours pour le bac «Nous avons recensé 145 demandes de recours pour l'examen du bac cette année à l'échelle nationale», annonce la ministre de l'Education nationale. Ces recours, en cours d'étude à l'Office national des examens et concours (ONEC), ne permettent pas une deuxième correction des copies, mais juste la vérification du report des notes. «Le recours est un droit. Mais une deuxième correction est impossible», tranche-t-elle. Insatisfaite du taux de réussite au baccalauréat établi à 45,01%, Mme Benghebrit se dit «prête à discuter» de toutes les propositions concernant le système d'évaluation des élèves lors des Assises nationales de l'éducation. «Il y a jusqu'à présent quatre hypothèses : la deuxième session, le rachat, l'intégration des fiches de synthèse des 2e et 3e AS et les épreuves anticipées», annonce-t-elle. Mme Benghebrit engage également le débat sur les démarches pédagogiques, dominées actuellement par l'approche par le savoir. «Il y a eu beaucoup de faux procès pour l'approche par la compétence. Des personnels ont été formés dans cette approche, mais il n'y a pas eu d'effet d'accumulation sur le terrain. Nous allons identifier les enseignants et inspecteurs formés dans ce sens, les regrouper et essayer de travailler ensemble», préconise-t-elle. Déplorant le sacrifice de l'enseignement technique, «grande victime de la réforme», la ministre propose la «remise sur le tapis» et le renforcement de l'enseignement professionnel. «Il faudra donner à l'élève l'envie d'aller vers ce genre d'enseignement par un bon système de guidance et d'orientation dès la 1re AS. Il faudra peut-être rediscuter du bac professionnel, mais dans un cursus bien réfléchi, en assurant une licence et un mastère professionnels», explique-t-elle. S'agissant du phénomène des cours particuliers pour les élèves, la ministre préconise l'amélioration de leur prise en charge pédagogique et annonce une série d'approches, dont la dispense d'enseignement à distance ou télévisé pour lutter contre cette pratique. Infrastructures : retard dans le programme de 2014 ? La ministre de l'Education nationale s'est dite inquiète du taux d'avancement des projets de réalisation des infrastructures prévues pour la rentrée 2014-2015. «On m'a annoncé un taux de 18%. Je suis inquiète malgré les assurances des responsables qui assurent que ce sont juste les premiers chiffres et qu'ils atteindront les 70 à 80% fin août».