Environ 150 manifestants, entre enseignants, travailleurs et étudiants de l'Ecole nationale supérieure des statistiques et de l'économie appliquée (ENSSEA) et de l'Ecole des hautes études commerciales (EHEC) ont tenu un sit-in, mardi dernier, devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à Ben Aknoun (Alger) pour protester contre la délocalisation de leur établissement, de Ben Aknoun (Alger) vers Koléa (Tipasa). «C'est une décision irrationnelle», affirme Souak Fatma-Zohra, la présidente de la section syndicale de l'ENSSEA, qui nous indique, par ailleurs, qu'une délégation des enseignants a été reçue par le secrétaire général du ministère, lequel a promis d'initier une séance de travail pour discuter de ce problème. Dans une lettre adressée au ministre de l'Enseignement supérieur, les enseignants et les travailleurs de l'ENSSEA avancent plusieurs arguments pour expliquer leur refus de quitter le lieu où se trouve leur école actuellement. Pour eux, «l'ENSSEA est déjà dans un campus, avec un environnement propice à la recherche et aux stages pratiques nécessaires à la formation, ce qui répond à l'objectif de l'Etat de mise en place de pole universitaire». Or, expliquent-ils, «la délocalisation de grandes écoles est en contradiction avec cet objectif et nous propulsera dans un environnement hostile». Autre motif de leur refus du site de Koléa : il est «surdimensionné pour les besoins actuels». «Le campus de Koléa offre 11 000 places pédagogiques, alors que les besoins réels des quatre écoles réunies, toutes ensemble, sont de l'ordre de 2700 places pédagogiques», précisent-ils. De ce fait, les protestataires estiment qu'il y a une perte de plus des trois quart des places pédagogiques Par conséquent, les travailleurs de l'ENSSEA considèrent que «c'est une mesure qui va à l'encontre de tous les enjeux économiques, notamment de toutes les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre le gâchis économique». Pour eux, «la démotivation des travailleurs et des enseignants due aux conditions de travail qu'offre le site de Koléa aura d'une part un impact négatif sur la performance des grandes écoles et, d'autre part, générera des mutations massives des enseignants et travailleurs vers d'autres établissements de l'enseignement supérieur». Autre indice qui a pesé sur le refus de ces travailleurs de la délocalisation de leur école, l'éloignement. «Le changement de wilaya d'Alger vers Tipasa va générer de nombreux problèmes sociaux économiques pour tout le personnel», estiment-ils. Il va sans dire que les protestataires semblent décidés à ne pas céder leur école. Ils persistent et signent que la seule solution possible est le maintien de l'ENSSEA sur le site de Ben Aknoun. Dans le cas contraire, les protestataires n'écartent pas le projet de radicaliser leur mouvement à la rentrée universitaire, en septembre. «Nous avons fermement décidé de ne pas partir, quitte à faire grève à la rentrée», a indiqué Mme Souak. A noter qu'outre les deux écoles citées, sont concernées également par cette délocalisation l'Ecole supérieure de commerce (ESC) de Tafourah dont les travailleurs et les étudiants sont en grève depuis des mois et l'Ecole nationale supérieure de management (ENSM).