Cette cité tentaculaire n'a qu'une seule voie d'accès et de sortie, les autres rues et ruelles, étant carrément squattées. Dans les domaines de l'aménagement urbain et de la viabilisation des cités, la wilaya de Souk-Ahras peut être condamnée sans appel. La cité Baoulou II, à titre illustratif, résume à elle seule, toute la banqueroute de la gestion du tissu urbain dans cette partie du pays où tout est promesse et usure. Les habitants de ce quartier résidentiel se plaignent longtemps de l'état poussiéreux de son artère principale où un semblant de bitumage, réalisé visiblement de manière hâtive et sans respect aux normes, offre aux visiteurs un décor d'après-guerre. Un fatras de béton défoncé, des arbres abattus et abandonnés à même le sol, un amoncellement permanent des immondices… achèvent le reste. L'enchevêtrement des bâtisses et les extensions anarchiques ont éliminé toutes les autres voies d'accès, à l'instar d'une route conçue en bonne et due forme pour servir de voie de secours en cas d'embouteillages ou d'évacuation de personnes en détresse depuis la route nationale n°16. Un cadre universitaire a requis l'anonymat avant de déclarer ceci : «La route dont vous parlez et qui s'étend sur plus d'un kilomètres, a totalement disparu à la faveur d'une récupération graduelle par les attributaires des lots de terrain, avec des complicités certaines». Du coup, cette cité tentaculaire n'a qu'une seule voie d'accès et de sortie, les autres rues et ruelles, étant carrément squattées par les nouveaux venus, voire par des constructeurs illicites, régularisés dans le cadre de la loi 15/08. Une source digne de foi, estime à au moins un hectare le foncier dilapidé dans cette cité, dont plus de 600 M2 d'espaces verts et d'aires de jeux. Les habitants de Baoulou II ne sont pas à leurs seuls déboires. Un couple enseignant, nouvellement installé dans cette cité, déplore l'absence de l'éclairage public et les fuites d'eau. «Je me pose souvent la question suivante : comment peut-on tolérer autant de fuites d'eau alors qu'elle est rationnée un jour sur quatre», a déclaré la jeune femme. Et son mari d'enchérir au sujet de l'éclairage public : «Tout le monde ici appréhende les sorties nocturnes car on n'est jamais trop prudent avec les chantiers ouverts et les hordes de marginaux qui sévissent dans cette agglomération». Les chiens errants qui nichent dans les bâtisses abandonnées et autres semi-construites, la prolifération des rongeurs et des serpents, les odeurs pestilentielles dégagées depuis les décharges sauvages où l'on a constaté de visu la carcasse d'un chat en état de décomposition… allongent la liste du lot de misères vécues par les habitants de cette cité.