La révision annoncée de la Constitution ne préoccupe pas outre mesure le Front des forces socialistes. Karim Tabbou, secrétaire national chargé de la communication, estime que cela n'a rien d'un événement puisque « depuis l'indépendance, chaque chef d'Etat s'est taillé sa propre Constitution ». Le porte-parole explique que les quatre Constitutions qu'a eues l'Algérie jusque-là « n'ont jamais été appliquées ». Pour lui donc, amender la loi fondamentale ne contribuera en rien à l'instauration d'un Etat démocratique, car une telle initiative obéit plutôt à des velléités d'un chef de l'Etat de « s'éterniser au pouvoir » en sautant le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Dans cette démarche, M. Tabbou trouve que « ce qui est écœurant et douloureux, c'est que les institutions du pays ont été réduites à de simples organisations de masse au service du chef suprême ». Le porte-parole du plus vieux parti de l'opposition cite le cas des deux chambres du Parlement qui se sont précipitées pour exprimer leur soutien à l'initiative présidentielle de changer la loi fondamentale du pays sans même que elles ne prennent connaissance de la nature des amendements qui seront proposés à référendum. M. Tabbou trouve que cette révision constitutionnelle est destinée à fermer davantage le champ politique et des libertés ainsi qu'à dominer la société. Pour lui, le FFS « a cessé d'avoir un regard exclusif vers le pouvoir » et s'intéresse plutôt à « l'Algérie réelle », celle des militants qui se battent pour la démocratie et les libertés. Il rappelle que son parti est toujours attaché à sa revendication d'une assemblée constituante comme préalable à l'instauration d'un véritable Etat démocratique et social. M. Tabbou n'a, à cette occasion, pas ménagé le FLN qui, à ses yeux, « a définitivement cessé d'être un parti politique ». Il le considère comme « un simple instrument dans les luttes claniques, un appareil au gré des situations ». Tenant à porter un démenti par rapport à la déclaration de Abdelaziz Belkhadem selon laquelle le FLN « va réintégrer » l'internationale socialiste (IS), M. Tabbou a affirmé que cette formation n'en a jamais été membre. « Le FLN a assisté une seule fois à une rencontre de l'IS en tant que simple observateur », a-t-il lâché. Sur justement sa position par rapport à la demande formulée par cet ex-parti-Etat pour intégrer l'IS, le porte-parole du FFS (parti membre depuis de longues années) a indiqué qu'il s'agit là d'une organisation internationale dont les fondements reposent sur des « principes et valeurs » liés au respect des droits de l'homme et des libertés. Pour lui, il est clair que tout parti désirant adhérer à cette organisation devra inéluctablement être conforme à ces principes. Or, d'après lui, un parti comme le FLN qui est à la tête d'un pouvoir despotique est loin d'y être conforme. M. Tabbou a souligné dans ce sillage que le FFS n'a pas peur d'« être délogé » de cette organisation et qu'il ne compte pas user de son influence pour bloquer la demande d'adhésion du FLN. « Nous ne sommes pas un comité de censure. Il y a des règles et des principes. Tout parti qui fait preuve du respect de ces principes sera le bienvenu », a-t-il lancé à la cantonade. Manière de défier le parti de Abdelaziz Belkhadem. Revenant sur la visite de François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste français (PS) ces derniers jours en Algérie et sa rencontre avec les dirigeants du FFS, M. Tabbou a indiqué qu'il y a eu échange de points de vue sur l'actualité nationale et internationale. Pour M. Tabbou, la rencontre qui a été élargie à des acteurs de la société civile a réaffirmé les bonnes relations liant les deux partis et a permis à François Hollande et sa délégation de connaître « ce qui se passe dans l'Algérie réelle, après avoir rencontré l'Algérie officielle ».