Les autorités tunisiennes ont exigé un billet d'avion à tout ressortissant étranger transitant par la Tunisie. Le passage frontalier de Ras Jedir a été, par ailleurs, provisoirement fermé, hier à 15 h, à la circulation des personnes en transit. Plusieurs milliers d'Egyptiens attendent du côté libyen, au poste frontalier de Ras Jedir, que les autorités de leur pays affrètent les avions nécessaires pour leur retour chez eux à partir de l'aéroport de Djerba, à 120 km de la frontière, affirme le correspondant de Radio Tataouine. En effet, les autorités tunisiennes ont conditionné leur accord d'autoriser le transit des Egyptiens par la présentation d'un billet d'avion sur un vol en partance pour l'Egypte. «Il n'est pas question de refaire l'expérience des camps de réfugiés de 2011», affirme Mongi Hamdi, ministre tunisien des Affaires étrangères. Depuis, Tunisiens, Egyptiens et Libyens veillent à l'application de cet accord. Sur la base de cet accord, les ressortissants égyptiens ont été recensés et répartis en lots équivalents aux capacités des avions qui vont les rapatrier chez eux. Des bus assurent leur transport du poste frontalier vers l'aéroport de Djerba-Zarzis. Les services de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) assurent une prise en charge en eau et en vivres durant leur transit en Tunisie, lequel ne doit pas dépasser les 24 heures. Déjà, entre hier et avant-hier, cinq groupes d'Egyptiens (totalisant 977 individus) sont rentrés chez eux. La tension s'est nettement apaisée après les incidents de jeudi. Elle était à son paroxysme avant-hier dans le no man's land situé entre les postes frontaliers tunisien et libyen de Ras Jedir. Près de 200 ressortissants égyptiens ont voulu entrer en Tunisie alors qu'ils ne disposaient pas de visas. Les autorités tunisiennes et libyennes ont tenté par tous les moyens de les en empêcher. Fuir le chaos libyen Selon les médias sur place, l'échauffourée a obligé les gardes-frontières libyens à tirer en l'air à balle réelle, ce qui a entraîné la mort accidentelle de deux Egyptiens. Le chef de la police tunisienne à la frontière a été, pour sa part, blessé à la jambe. Les autorités tunisiennes ont alors craint le pire. Mais la mise en place rapide par les autorités égyptiennes d'un pont aérien entre les aéroports de Djerba et du Caire a remédié au pourrissement de la situation. De ce fait, le rapatriement des Egyptiens se passe désormais avec la même fluidité que celui de plusieurs autres communautés étrangères quittant la Libye via la Tunisie. Par ailleurs, les autorités tunisiennes suivent avec prudence les développements de la situation chez le voisin libyen. Dans une déclaration aux médias, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, n'a pas écarté l'éventualité de fermer la frontière «si la situation sécuritaire l'exige». «Le scénario de 2011 ne se reproduira pas car l'intérêt national tunisien ne permet pas une affluence massive de centaines de milliers de Libyens», a-t-il poursuivi. Mongi Hamdi a toutefois précisé que «ce n'est pas encore le cas car la cadence d'entrée des Libyens est toujours acceptable». Tout le monde quitte la Libye alors que les forces libyennes rivales continuent de s'entredéchirer à Tripoli et Benghazi. Toutes les médiations gèlent face à l'obstination des milices islamistes à refuser tout cessez-le-feu, prétextant l'existence de forces loyales à El Gueddafi parmi les combattants de Zentane. Abdeldjalil n'a rien pu faire Même la dernière mission de conciliation dirigée par le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, n'a pas abouti. Les «forces de Doroô Al Ousta (Bouclier du centre), alliées de Ançar El Charia, refusent le cessez-le-feu parce que le processus de transition politique va les éliminer de la scène. Leurs représentants ont perdu dans les dernières élections», pense le politologue Mansour Younes. Pour sa part, la journaliste Fatma Ghandour s'interroge sur les raisons du silence des puissances internationales face aux atteintes aux droits de l'homme en Libye : «Nous avons un Parlement élu qui rencontre des difficultés pour siéger à cause des milices soutenues par le Qatar. Pourtant, personne ne bouge le petit doigt pour aider la Libye.» Sombres perspectives pour la Libye alors que les députés, récemment élus, vont tenter de se réunir, aujourd'hui, à Toubrouk.