Les primeurs, les toutes premières figues de Barbarie de l'année sont déjà là. Elles ont fait leur apparition dans les rues à la veille de l'Aïd. Certes, elles ne sont pas encore tout à fait à point, mais les consommateurs ne sont pas à ce détail près. Localement, la figue de Barbarie, notamment celle provenant des plantations d'opuntia des montagnes de Chigara, reste un fruit très prisé, presque divin. Aussi, dès qu'elle apparaît dans les brouettes des revendeurs de rue, fin juillet, on la consomme sans modération. Délicieuse, bien sucrée et d'un bon gabarit, la figue de Barbarie de Chigara est la plus recherchée sur le marché. Certes, celle des montagnes d'Arras, à l'ouest de la wilaya, n'est pas moins délicieuse ni moins sucrée, mais un je ne sais quoi fait préférer celle des montagnes de Chigara qui a acquis une célébrité qui dépasse largement les frontière de la région, à telle enseigne que des clients viennent parfois de très loin pour en acheter à Hammam Beni Haroun, à Grarem-Gouga ou à Sidi Merouane, localités où les revendeurs exposent leur produit. Pas besoin de lui faire de la pub. Son goût, sa valeur nutritive, son apport en oligo-éléments et ses vertus pour le côlon notamment sont autant de qualités qui font craquer les consommateurs. On en mange, en effet, à même le trottoir et on en emporte avec soi par dizaines d'unités, si ce n'est par centaines ! C'est irrésistible : même les femmes désormais, tout spécialement les conductrices d'automobile et les voyageuses émancipées s'arrêtent en route pour en savourer sur la voie publique. Vendre des figues de Barbarie dans les rues et le long des routes est l'un des métiers de l'été les plus lucratifs, qui fait travailler une population entière de chômeurs, mais aussi de commerçants saisonniers. Lucratif ? Ce n'est pas en effet un vain mot, car il n'y a pas un seul revendeur de figues de barbarie qui rentre le soir avec des invendus, et ce, malgré les prix relativement élevés du produit, à savoir 1000 DA la centaine. En effet, dès l'apparition des toutes premières figues de Barbarie de la saison, les autres fruits de l'été: pastèque, melon, pomme, prune, cessent de bien se vendre, concurrencés qu'ils sont par le délicieux fruit hérissé de piquants des vergers de la commune montagneuse de Chigara qui culmine à plus de 1200 mètres d'altitude sur les massifs du nord de Mila.