À chaque période estivale dans la ville d'Aïn Témouchent, B. Mohamed, la quarantaine révolue, au faciès d'un enfant du grand Sud, fait son apparition dans la ville de Sidi Saïd. Spécialisé dans la préparation et la vente du thé sahraoui, B .Mohammed, avec son air nonchalant propre aux gens du Sud, déambule dans les rues et places publiques pour proposer sa «potion magique» dont continuent de raffoler les Témouchentois. En cette période de l'année, la consommation du thé devient très excessive chez la population de cette wilaya de l'Ouest du pays et s'intronise comme la boisson de distraction et de divertissement chez la plupart des habitants. B. Mohamed prépare minutieusement le thé dans sa petite maison, il remplit sa théière et la place dans un sac pour au moins conserver quelques calories. Dans l'autre main, il tient un autre sac contenant des gobelets blancs en plastique qu'il tend à ses clients qui se sont habitués à cet enfant du Gourara qui n'hésite pas à taquiner ses clients qui, manifestement, semblent apprécier ses petites blagues. «Nous aimons le thé sahraoui, il est dense et concentré. Il est bien fait. Nous le sirotons lentement pour bien apprécier sa saveur», témoignent ces jeunes apparemment des étudiants. Si Mohamed joint l'utilité mercantile à l'agréable, souriant, laissant luire une dent en métal blanc, il lève très haut la théière et laisser couler le thé en un seul trait dans le gobelet jusqu'à ce que la mousse «Erreza» émerge sur la surface. De cette manière, il chouchoute ses clients qui le sollicitent même au niveau des terrasses des cafés et des salons de thé ayant pignon sur rue dans la ville de Sidi Saïd. «Que les gérants des cafétérias ne se fâchent pas. Je vends le thé bien soigné à un prix très compétitif», dit-il d'un ton moqueur. Très sympathique et dynamique, il plaise et s'amuse avec ses clients qui le provoquent «intelligemment» pour leur parler avec un accent Gourari où les consonnes «S» et «Dh» se prononcent respectivement «Ch» et «Z». «Il nous parle des us et coutumes de sa région. Son chuchotement nous fait rire», déclarent d'autres jeunes qui prenaient un bain de fraîcheur au pied de leur un immeuble. Après avoir effectué deux ou trois tournées, il revient à son bercail, la tête tranquille d'avoir accompli son travail. «Je m'estime très heureux quand je trouve mes clients très satisfaits et avec eux, je partage quelques moments agréables d'amusement. Peu importe pour moi la recette, l'essentiel je mange du halal», ne cessait de répéter chaque journée.