Le voilier Hainez, à bord duquel se trouvent les scientifiques et chercheurs du Laboratoire citoyen des sciences participatives de l'Expédition «MED en danger» a accosté enfin au port de Béjaïa, vendredi dernier, après son escale à Alger. Le bateau sillonne les deux rives du bassin méditerranéen depuis le 5 juillet dernier en provenance du sud-est de la France, de Villefranche-sur-Mer précisément. Pour un double objectif, affirme Hamid Yahi, président du Club spéléologie et sport de montagne de Béjaïa (CSSM) : «La traque aux micro fragments plastiques en vue d'établir une cartographie des déchets plastiques et la sensibilisation des populations des pays du contour du bassin méditerranéen des dangers de cette matière sur les océans et la santé humaine.» Au final, les chercheurs, à l'ombre des prélèvements, établiront un bilan avant de préconiser des solutions pour le traitement de ces rejets, précise-t-il encore. Pendant que l'équipage du voilier règle les dernières formalités administratives au niveau du port, Hamid et les autres partenaires du programme «MED en danger», à savoir Atlantide subaquatique de Béjaïa, Ecostaq, la ligue de sauvetage et de secourisme de la même ville, et l'association Ardh préparent les activités annexes (culturelles, sportives et enfin une conférence) sur la plage de Boulimat, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de l'ex-capitale des Hammadites. Au menu, balade en mer à bord du zodiac de l'Atlantide au le large de Béjaïa, course de kayak et exposition. Une quarantaine d'enfants transportés par bus ont participé à cette expérience qu'ils disent toute nouvelle pour eux. Dans une ambiance bon enfant, les petits ont distribué des dépliants et autres prospectus pour les familles. «Tenez madame et monsieur, ceci c'est pour sensibiliser sur les dangers des déchets plastiques jetés en mer…», lance en boucle, toute souriante, une adolescente. Sous les parasols et tentes familiales, les estivants, de quelques gestes approbatifs, saluent l'initiative. 250 milliards de micro plastiques «Stop plastic in the sea !» C'est le slogan qui a été choisi pour cette cinquième année d'expédition en mer méditerranéenne par un groupe de scientifiques et d'éco-volontaires, amoureux de la nature et surtout soucieux pour son état. «Des îlots de plastiques qui flottent en mer !» commente un journaliste de la radio locale qui interrogeait Karim Khima, représentant de l'association Ardh. «Oui, rétorque Karim, la situation est préoccupante, c'est pour cette raison que ce programme se poursuivra jusqu'en 2020 afin de cerner ce problème et de trouver des solutions pour limiter la nuisance des déchets qui menacent l'environnement marin et ses créatures.» Rencontrée sous un chapiteau, la chercheuse Aïda Benhamida a expliqué qu'«après l'utilisation de ces matières plastiques, les citoyens et les industriels les jettent souvent à la mer, dans des décharges incontrôlées ou ailleurs dans la nature», mais, ajoute-t-elle, «contrairement aux autres matières, le plastique se transforme en ce qu'on appelle des micro plastiques qui sont pris pour de la nourriture par les poissons et aux autres animaux marins.» Ce qui n'est pas sans danger sur les humains, car à ce stade c'est toute la chaîne alimentaire qui sera atteinte. En effet, depuis 2009, les recherches et les prélèvements effectués par l'équipe du Laboratoire citoyen des sciences participatives ainsi que leurs collaborateurs ont révélé cette pollution invisible par une première estimation de 250 milliards de micro plastiques flottant sur l'ensemble de la Méditerranée, dispatchés par les courants.