Ils sont des dizaines de marchands ambulants de fruits et légumes à élire domicile sur les trottoirs et autres espaces censés être à l'usage exclusif des piétons, défiant ainsi toutes les lois qui régissent ce genre de commerce, notamment dans les centres urbains. Devenue par la force des choses coutumiers des lieux dès l'apparition des premiers rayons de soleil, cette fourmilière de marchands ambulants expose ses étals de fruits et légumes qu'elle propose aux passagers et aux piétons au milieu d'une anarchie indescriptible. Une situation qui n'est pas sans créer des désagréments insupportables aux piétons, lesquels éprouvent au quotidien beaucoup de peine à se frayer un chemin au milieu de ce tohu-bohu généré, en grande partie, par l'entassement d'un grand nombre d'étals de caisses et de cageots éparpillés ici et là, laissant ainsi le citoyen ébahi devant l'émergence de ce phénomène qui échappe au contrôle des services compétents. Il faut dire que depuis l'installation du cycle de violences dans la wilaya de Ghardaïa, dont la première étincelle remonte au mois de novembre dernier, ce spectacle désolant ne cesse de s'aggraver au fil des jours, notamment. Cela s'est amplifié après l'exode de beaucoup de commerçants de fruits et légumes appartenant à la communauté arabe, anciennement installés au niveau du souk de la vieille médina où prédomine la communauté mozabite, refoulés de ces lieux après avoir perdu tous leurs biens sous l'effet de la fougue guerrière qui a tout embrasé derrière elle. C'est ainsi que ces commerçants ont trouvé refuge dans le quartier de Theniet El Makhzen au taux démographique des plus importants. «Comme vous le voyez, on est obligés d'éviter souvent les bousculades de la foule pour emprunter la route réservée aux véhicules» fulmine une jeune femme accompagnée de ses deux bambins. Et de renchérir : «Nos enfants sont exposés aux dangers de ces véhicules, car les trottoirs sont squattés par ces marchands qui ne soucient guère de nos maux.» En effet et en dépit de l'existence d'un marché couvert dans ce quartier, lequel a fait peau neuve à la suite des travaux de rénovation, ces deux dernières années, ces marchands s'entêtent à ne pas s'installer dans le marché, faisant ainsi la sourde oreille à tous les ordres des services communaux qui ont recensé à ce jour — à en croire le secrétaire général de la commune de Ghardaïa — pas moins de 46 marchands de légumes et fruits. Parmi ces commerçants, on trouve, explique le responsable, 12 commerçants qui ont bénéficié de locaux dans ce marché couvert implanté en plein milieu de Theniet El Makhzen et 24 autres ont été orientés vers celui de Bouhraoua. Mais ces derniers rechignent à rejoindre leurs locaux vu l'éloignement de ce site implanté sur les hauteurs de Bouhraoua et qui est actuellement investi par les forces de l'ordre. Par contre, les douze bénéficiaires de locaux dans le marché couvert de Theniet El Makhzen, leur refus se résume à ces prétextes véhiculés par le commentaire de ammi Mohammed, l'un des marchands squatteurs des trottoirs à Theniet en disant : «La majorité de mes camarades ne veulent pas s'installer dans le marché couvert car les clients rechignent à se déplacer jusqu'à ce lieu pour faire leurs emplettes, et plusieurs de ces commerçants ont baissé rideau à cause de cette contrainte pour revenir enfin exposer leurs marchandises ici sur ces trottoirs.» Plus loin encore, Ammi Mohammed n'a pas hésité à recourir à un argument pour le moins farfelu, celui de la visite dans les années précédentes de l'ancien wali Ahmed Adli, actuellement secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, lequel a ordonné aux responsables locaux de ne plus harceler ces marchands et de les laisser travailler à leur guise. A vrai dire, tous ces arguments ne tiennent pas lorsqu'on sait que ce marché couvert, sis en plein cœur de ce vieux quartier, outre les travaux de rénovation qui lui ont redonné son lustre, dispose de tous les moyens annexes qui lui ont valu d'être un lieu propice à l'exercice de cette activité qui, faut-il le souligner, nécessite un espace clos vu sa propension à porter atteinte à la salubrité des espaces publics à cause des quantités de déchets. Mais les marchands ont voulu, semble-il, perpétuer cette tradition qui s'est imposée au détriment de la loi et aux dépens du confort du citoyen qui ne cesse de se plaindre des désagréments générés par les marchands qui forcent les piétons, pourtant leurs clients, à s'exposer malgré eux aux dangers des véhicules. Seule la loi pourrait, reconnaît Sandjal Mohammed, le secrétaire général de l'APC de Ghardaïa, à ramener ces impénitents sur le droit chemin en acceptant de se réfugier dans le marché couvert pour exercer leur métier, en parfait respect aux réglementations, loin du boucan urbain et le charivari humain.