- ppie, et 1969 en particulier ? J'étais déjà rockeur –avec les cheveux très longs– en train de réinterpréter le répertoire occidental, en cherchant à introduire les nuances musicales et thématiques algériennes. Woodstock ? Avec les groupes de l'époque, que ça soit à Alger ou à Sidi Bel Abbès ou à Bou Saâda, que les Algériens, d'ailleurs, ne connaissaient pas, on aurait adoré y être, car on s'y identifiait à cette jeunesse et au mouvement hippie. On voulait tous vivre de cette manière. - Que signifiait être rockeur, pour vous ? C'était vivre autrement, se démarquer en vivant notre temps qui appelait à la rébellion. J'étais au diapason du mouvement et de son évolution. C'était avec des chemises à fleurs que je jouais du Santana ! Les Shadow et les Beatles m'ont aussi beaucoup influencé. Je restais admiratif devant les pochettes de leurs albums ! Avec le groupe Raïna Raï, nous faisions du rock sans remarquer que nous faisions aussi du raï. Chanter ce qui paraissait tabou à l'époque, comme Ya Zina, ne pouvait être conçu que dans un esprit rock. - Quand on dit que Woodstock a introduit le rock en Algérie, est-ce vrai ? C'est totalement faux. J'ai commencé à 15 ans en formant un groupe qui s'appelait Les Aigles noirs, c'était une année avant Woodstock. Disons que ce festival nous a mis encore plus dans le bain. En 1970, d'autres groupes voyaient le jour comme : Bady Station, Saint Boys à Bou Saâda et encore Groupe Choc, qui ont parfaitement épousé l'esprit contestataire de l'époque et le désir de produire dans un style qui n'était pas le nôtre mais dans lequel on a excellé après avec Raïna Raï.