De nombreux citoyens ont remis les compteurs à l'ADE, en signe de protestation. La pénurie d'eau potable est devenue chronique dans plusieurs communes de l'est de la wilaya de Bouira. Dans la commune de Chorfa (45 km à l'est de Bouira), plusieurs quartiers sont sous-alimentés en eau potable depuis près de 2 mois. En effet, dans une décision collective, plusieurs abonnés se sont engagés à enlever les compteurs d'eau et les remettre à l'Algérienne des Eaux (ADE) pour exprimer le ras-le-bol. «Dans d'autres quartiers de la commune, on arrose les trottoirs avec l'eau potable des robinets, alors que cette eau est rationnée dans nos quartiers. L'ADE n'a pas honoré ses engagements quant aux promesses faites chaque année. Où est l'équité dans la distribution de l'eau ?», dénonce-t-on. Les habitants des quartiers lésés se posent des questions sur l'utilité d'un tel organisme : «A quoi sert l'ADE ? Nous payons la pression de l'air au lieu de l'eau, c'est-à-dire l'air contenu dans les conduites, alors que l'eau nous arrive par gouttes». Une situation insupportable qui pousse les citoyens à acquérir des citernes d'eau à prix de 500 DA l'unité. Une saignée pour les chefs de famille. Seule l'APC de Chorfa vient au secours des dizaines de foyers en manque d'eau potable via des citernes gratuitement. De son côté, le P/APC de Chorfa, Zoubir Khellal en compagnie des pères de familles des quartiers lésés se sont déplacés vers l'antenne de l'ADE à M'chedallah récemment. Depuis, rien n'a changé. Même à l'ancien village Thaddarth, sur les hauteurs de la commune, l'eau ne coule pas dans les robinets. L'entreprise qui réalise les réservoirs d'eau à Chorfa a brisé la conduite alimentant Thaddarth depuis Lainsar Aberkane (Saharidj). Lors de la visite du wali dans la commune de Chorfa, il y a plus de 3 mois, le problème a été soulevé devant les responsables de ladite entreprise. Jusqu'à nos jours, les réparations n'ont pas été faites, privant ainsi des dizaines de foyers d'eau potable. Et c'est toujours l'APC avec ses propres moyens qui les alimente en eau. A Ahnif, toujours à l'est de Bouira, des citoyens ont observé une journée de protestation devant le siège de leur l'APC dimanche dernier. L'action a été menée pour réclamer de l'eau potable. «Y en a marre des promesses sans lendemain ! Nous sommes alimentés en eau potable via un réservoir datant de l'ère coloniale. Nous avons donné un délai de deux jours aux responsables de l'ADE et ceux de l'APC pour trouver des solutions», dira un représentant des protestataires. Les habitants d'Ahnif aussi font recours à l'acquisition des citernes d'eau chez des privés avec un prix qui dépasse généralement les 800 Da. La pénurie de l'eau potable sévit aussi à Takerboust, chef-lieu de la commune d'Aghbalou, sise à 50 km au nord-est de Bouira. Il faut préciser que l'ADE n'est pas présente dans la commune d'Aghbalou. C'est l'APC qui gère la distribution de l'eau. Après le tarissement des sources naturelles qui alimentent la population, c'est la crise. Le recours aux citernes d'eau est devenu une habitude, mais à un prix très élevé. Une citerne de 3000 litres d'eau potable coûte 1600 DA l'unité, alors que celle à usage domestique est de 1200 DA l'unité. D'autres quartiers bénéficient de l'eau potable 20 minutes tous les 3 jours. «Durant ces 20 minutes, il faut attendre au moins 5 minutes pour que l'eau arrive», déplore-t-on. Une quantité en deçà des attentes. La fontaine publique du chef-lieu d'Aghbalou a été prise d'assaut par des dizaines d'habitants en quête d'eau. Des années passent sans que des solutions ne soient apportées pour régler le problème de la pénurie d'eau potable.