C'est sur une musique d'ambiance exécutée dans la cour de la maison des jeunes de Tiniri, par une troupe artistique venue du M'zab, que la manifestation culturelle pluridimensionnelle «Lumières sur l'Akfadou» a été inaugurée dimanche à 15h. Les allocutions d'ouverture prononcées à cette occasion formulaient toutes de façon différente le même leitmotiv : «Que les lumières soient !» Aussi bien le P/APC, M'henni Hadadou, que l'élu APW, Boualem Mimouni, ou les quelques invités de marque qui ont pris la parole, à l'exemple de Karim Abranis, Louisa, Gana Mammeri, Tari Aziz…, ils appellent tous de leurs vœux au renouveau scientifique, culturel et économique de la région. Ils espèrent tous que cette manifestation, importante à bien des égards, puisse participer à l'impulsion d'une dynamique culturelle et identitaire sérieuse, capable de lutter contre la déculturation et la dépersonnalisation pour en finir avec l'Algérie des douleurs. «Nous voulons une Algérie plurielle et unie», dit un intervenant. «Nous voulons une Kabylie propre et apaisée», renchérit un autre. Guillerette et rayonnante, Louisa a même chanté a cappella un titre de son album inédit. Gana Mammeri, en sage éclairé, après avoir parlé des Berbères et de leur législation judicieuse, a évoqué la possibilité de rapatriement des ossements de Jugurtha et leur réinhumation à Akfadou. Par la voix de leurs représentants, les Mozabites et les Chenouis ont exprimé leur bonheur de se trouver dans cette région accueillante et fraternelle. Subséquemment aux discours d'ouverture, trois conférences-débats ont été animées successivement par Cheriet Chabane, qui a parlé du patrimoine forestier de l'Akfadou, Rachid Oulebsir, qui a examiné la question de l'identité et de la mémoire, et Mohamed Dahmani, qui s'est penché sur les forces et les faiblesses des festivals locaux. La soirée a été consacrée totalement au M'zab, avec comme question de fond, «Où va le M'zab ?». Idir, musique et autres fragrances S'étalant sur trois jours, du 17 au 19 août, cette manifestation, initiée principalement par Gacem Mokrane et Irid Nacer, tous deux établis à l'étranger, se veut, selon les termes des organisateurs, un moment de communion, d'expression citoyenne et identitaire. Associant, écologie, pédagogie, linguistique, cinéma, musique, tourisme… Ce festival a gagné davantage en visibilité par la présence de la vedette kabyle, Idir, qui procédera, aujourd'hui, en compagnie de Mohamed Saâdi, responsable de BRTV, à l'inauguration de la bibliothèque communale. Aux conférences variées présentées par d'éminentes personnalités de différentes disciplines, Younès Adli, Hachi Slimane, Ramdane Achab, Nora Tigzirt, Youcef Alioui, qui ont pour modérateurs Oudjedi Khellaf, Tahar Khouas, Zirem Kamel… sont venues se greffer diverses activités d'accompagnement et de divertissement, au grand bonheur des aoûtiens. Sont programmés dans ce cadre, une visite guidée à Ifri, une excursion au Lac noir, des projections de films et un gala artistique avec une brochette d'artistes de renom : Boudjemaâ Agraw, Akli D., Ali Ideflawen, Amar Azeghal, Brahim Tayeb, Ghanou, Idir Akfadou, Kezoui Malek, Oulahlou, Si Moh, Baylache et d'autres artistes. En parallèle, l'école primaire Tiniri abritera, durant ces trois jours, une riche exposition d'objets traditionnels et artistiques. «Sans substrat identitaire solide, manifeste, on ne peut rien construire de sérieux. Il est temps de se ressaisir, de revenir aux sources jaillissantes et nourricières de notre identité, de notre culture. Non aux pollutions des mœurs et de l'environnement, non à l'inquisition, non au travestissement de nos saines traditions !», déclare Gacem Mokrane, l'un des organisateurs de ce festival. «Akfadou mérite plus qu'une image d'Epinal. Si Akfadou peut s'enorgueillir d'avoir servi durant la Révolution de PC pour la Wilaya III, elle jouit aussi de glorieuses pages d'histoire peu ou prou connues. On doit illuminer tout son passé si on veut réellement avancer», ajoute-t-il. «Ce festival se pose en défenseur de l'identité culturelle amazighe. Si cette année, il est programmé à Akfadou, c'est parce que cette région est un point de rencontre et d'union des deux Kabylie. Notre souhait est qu'il devienne itinérant pour toucher d'autres régions du pays et ouvrir larges les pistes de réflexion sur notre identité, notre culture, notre histoire et au-delà notre avenir», indique de son côté Irid Nacer, coorganisateur. Riche et pluriel, ce festival qui fait du bruit dans le landernau ajoute des couleurs à Akfadou qui vit déjà un mois d'août bien animé.