Le sommet du G8 qui se tient depuis samedi dernier à Saint-Pétersbourg et dont les travaux prendront fin aujourd'hui pourrait réussir là où de longues négociations à l'OMC sur la libéralisation du commerce mondial ont échoué. Le cycle de Doha est actuellement dans l'impasse après cinq ans de pourparlers. Dans ce contexte, les négociateurs de l'OMC attendent de cette rencontre des pays les plus riches et les plus industrialisés de la planète un soutien politique pour leurs tractations. Ils restent cependant sceptiques sur les résultats d'une telle initiative. Un accord chiffré sur les points les plus délicats du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 dans la capitale du Qatar doit absolument être conclu avant la fin du mois si l'on veut pouvoir boucler l'ensemble de la discussion comme prévu à la fin de l'année. L'intervention des participants au G8 est souhaitée notamment par le Brésil qui fait partie des pays qui se battent pour mettre la libéralisation des échanges au service du développement des pays pauvres en réduisant les subventions agricoles et les droits de douane. L'OMC est plutôt réticente envers l'idée d'une intervention des hauts responsables qui prennent part au sommet du G8 estimant les problèmes trop techniques pour être traités au niveau des dirigeants de la planète. Ces derniers sont toutefois conscients qu'ils doivent peser de tout leur poids pour lancer une dynamique qui pourrait aboutir à un compromis dans les négociations de l'OMC. Après l'échec de leurs négociations le 1er juillet à Genève, les 149 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce ont donné au directeur général de l'institution, Pascal Lamy, la tâche urgente de les mettre d'accord sur les grandes lignes d'un nouvel ordre commercial mondial. Il est attendu du président américain George W. Bush qu'il joue de son influence pour pousser le Congrès à infléchir la position des Etats-Unis. A Genève, les Américains se sont trouvés isolés en refusant d'abaisser davantage leurs subventions agricoles. Mais il sera difficile d'arriver à un consensus entre les pays qui prennent part au G8. La Russie, hôte de cette réunion, n'est même pas membre de l'OMC. Son souci sera donc d'obtenir le soutien des grandes puissances pour intégrer cette organisation. D'ailleurs, les Russes veulent focaliser les discussions sur la question de la sécurité énergétique confortée en cela par l'envolée spectaculaire des cours du pétrole en raison de la situation tendue au Proche-Orient. C'est la croissance mondiale qui risque d'en pâtir. Le Fonds monétaire international avait des prévisions optimistes. Celles-ci risquent d'être revue à la baisse. La Russie veut se poser comme partenaire fiable dans le domaine de l'énergie. Mais la démarche de Vladimir Poutine est perçue par certains comme étant un chantage. Depuis que Moscou a coupé en début d'année le robinet du gaz à l'Ukraine à la suite d'un confit sur les tarifs, les Occidentaux soupçonnent la Russie d'utiliser la flambée des cours et ses énormes ressources énergétiques (elle est assise sur les premières réserves gazières au monde) comme arme de pression au point de faire sortir le président français Jacques Chirac de ses gonds. "L'énergie ne doit pas être un instrument politique", a-t-il affirmé il y a semaine. Moscou s'en défend mais ne cache pas son ambition de placer son champion national Gazprom sur les marchés gaziers du vieux continent pour pouvoir y vendre directement ses produits. Elle demande aussi aux Européens davantage de garanties d'achats à long terme en contrepartie d'une ouverture de son monopole sur le transport de gaz à la concurrence et en facilitant les investissements étrangers dans son secteur énergétique. Les Européen importent un quart de leur gaz et 18% de leur pétrole de Russie.