Lundi dernier, le parquet de la cour a requis trois ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende à l'encontre de Youcef Ould Dada, présumé diffuseur de la vidéo du vol d'un magasin par trois policiers à Ghardaïa. Accusé d'atteinte à l'intérêt national, ce père de famille, 47 ans, ingénieur en informatique, est sous mandat de dépôt depuis mars dernier à Chaâbet Ennichène (Ghardaïa). Alors qu'il avait déjà été condamné en première instance à deux ans de prison ferme, Ould Dada connaitra le nouveau verdict le 2 septembre prochain. Maître Salah Dabouz, l'un des avocats de l'accusé et président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qualifie l'affaire d'«injuste». «Youcef Ould Dada rejette toujours l'accusation. Et même s'il la reconnait, l'article 96, sur lequel ils se sont basés pour le juger, ne peut s'appliquer sur lui, car il ne s'agissait pas d'une propagande politique, explique l'avocat. De plus, après avoir vérifié le rapport du juge d'instruction et ceux de l'expertise judiciaire, il s'est avéré qu'il est impossible de relever la traçabilité de la vidéo ni même sa source. Il n'y a aucun élément qui impliquerait Ould Dada dans ce qu'il lui a été infligé.» D'après un quotidien national, les trois policiers en question ont été sanctionnés par la DGSN. «Si les autorités reconnaissent les faits, elles auraient dû remercier l'accusé au lieu de le condamner», regrette le président de la LADDH. Les avocats dénoncent une entrave au droit à la défense lors de l'audience de cette affaire. Me Dabouz se dit «intrigué» par le comportement du parquet général qui semblait être «un défenseur du corps de la police et du pouvoir». «Me Mezghiche qui a évoqué, lors de sa plaidoirie, les pressions que subissent les juges a été interrompu par le parquet général sans demander l'aval du président de la cour. Idem pour Me Bourenan qui a dénoncé les interventions musclées des forces de l'ordre à Ghardaïa», déplore Me Dabouz en affirmant que Youcef Ould Dada se trouve dans de bonnes conditions, ce qu'il a constaté lors des deux visites effectuées à la prison. Un autre cas judiciaire défraie la chronique : Dabouz Abdelhamid, 54 ans, de Berriane, s'est vu accusé d'«attroupement illégal non armé», «port d'arme» et «constitution d'association de malfaiteurs». Son tort : il avait fui Berriane lors des violences vers Hassi Messaoud et a dû revenir à son domicile occupé par les forces de l'ordre. En déposant sa plainte contre l'occupation de son domicile, il s'est retrouvé poursuivi en justice et placé sous mandat de dépôt.