Les discours et les timides campagnes autour de la lutte contre la violence dans les stades s'avèrent vains. Le phénomène ne cesse de s'aggraver. Il atteint des proportions alarmantes. Il y a mort d'homme. Les terrains de foot transformés depuis quelques années en défouloir des délinquants en tous genres, deviennent désormais des cimetières. Le jeune attaquant vedette de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), Albert Ebossé, vient de faire les frais de cette inconscience nationale. Le footballeur camerounais, meilleur buteur du championnat algérien de football la saison passée, a été tué à l'intérieur même du stade où il faisait régaler les fans de la JSK. Il marque son but, mais il n'échappe pas aux tentacules de la violence qui s'empare de la passion populaire qu'est le football. Un drame de plus qui risque de se reproduire, si rien n'est fait pour arrêter cette folie. Nous ne sommes qu'au début de la saison footballistique. Les précédents exercices étaient aussi émaillés d'actes inadmissibles sur les terrains de foot en Algérie. Les joueurs, les dirigeants des clubs, les arbitres et même les supporters s'exposent quotidiennement aux dangers. Durant la saison 2013-2014, un fait aussi grave avait été enregistré à Hadjout où les joueurs de l'équipe visiteuse, l'USM Bel Abbès (Ligue 2) ont été pris dans un véritable guet-apens. Furieux après la défaite de leur club, les supporters de Hadjout ont envahi le terrain pour lyncher les joueurs de Bel Abbès, dont certains ont failli être tués. En 2012, l'équipe de l'USM Alger a été victime d'une agression similaire à Saïda et le joueur Abdelkader Laïfaoui a été poignardé. Auparavant, nous avons même assisté à des émeutes qui ont été l'œuvre de supporters de clubs exigeant l'annulation de la rétrogradation de leurs équipes préférées qui n'ont pas réussi de grandes performances durant la saison, comme ce fut le cas à Oran et à Bou Saâda dans la wilaya de M'sila. A qui la faute ? Sans doute au manque de rigueur, à la défaillance de sécurité, au laisser-aller, à la complaisance et à l'impunité. Cette violence qui gagne du terrain est déjà présente en permanence dans nos villes, nos quartiers et nos villages. La haine prend en otage la société et met en veille les lois de la République. Tout cela, à cause d'une défaillance : celle des dirigeants politiques, dont le seul souci est de gagner la paix sociale et de la préserver même si elle est synonyme de passivité devant les écarts vis-à-vis de la loi. Quitte à laisser les citoyens s'entre-tuer. Les exemples sont légion en tout cas. Devant l'absence de l'Etat et son impuissance, ce sont les gardiens de parkings sauvages, les gangs et les voyous qui s'emparent de l'espace public en imposant leurs propres lois. Les services de sécurité, quant à eux, s'avouent impuissants devant une telle situation. Ils se montrent souvent passifs ou complaisants devant le piétinement des lois. L'incapacité des pouvoirs publics est illustrée aussi par son impuissance à effectuer même des opérations de relogement sans heurts et sans violence. Et à ce rythme, tous les espaces publics seront bientôt privatisés par les « hors- la-loi »…