Israël, dont la force semble mythique plus qu'autre chose, ne peut aisément faire face à deux fronts simultanément. Sinon, comment expliquer la baisse soudaine de ses activités militaires dans la bande de Ghaza, alors que les buts fixés au départ de la vaste opération militaire, entamée le 28 juin, à la suite de la capture du caporal Gilad Shalit par des résistants palestiniens, n'ont pas été atteints. Les roquettes palestiniennes continuent de tomber en territoire israélien et le caporal Gilad n'a pas été libéré. Cette baisse coïncide avec le lancement de l'agression contre le Hezbollah en particulier et le Liban en général, entamée, mercredi, suite à l'opération militaire spectaculaire, réalisée le même jour par le Hezbollah à la frontière israëlo-libanaise, au cours de laquelle, deux de ses soldats furent capturés et 8 autres tués par les combattants du mouvement chiite. Les forces israéliennes, qui avaient réoccupé des parcelles de la bande de Ghaza, se sont redéployées derrière la ligne de démarcation séparant ce territoire d'avec Israël. Les drones (avions espions sans pilote) qui sillonnaient à longueur de journée et de nuit le ciel de ce minuscule territoire de 360 km2 ne passent que rarement. Les raids aériens ont remarquablement diminué de fréquence, ce qui s'est fait sentir au niveau des pertes humaines, qui ont sensiblement baissé. Avec 25 Palestiniens tués, dont 9 membres d'une même famille, la nuit de mardi à mercredi a été des plus sanglantes. Le dernier raid effectué par des avions de chasse de type F16 a visé, samedi, une maison au nord de Ghaza. Deux personnes, dont un bébé de 7 mois, sont mortes et 8 autres ont été blessées. Ce raid est survenu quelques heures après celui qui a ciblé le ministère palestinien de l'Economie, au 2e étage d'un immeuble situé dans la rue Einas, non loin du centre de la ville de Ghaza. Cette attaque n'a heureusement pas fait de victimes. Ainsi, successivement, le siège du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, le ministère des Affaires étrangères ainsi que le ministère de l'Economie ont été détruits par l'aviation israélienne. L'incursion, tôt hier matin dans la localité de Beït Hanoun au nord de la bande de Ghaza, au cours de laquelle, 3 résistants, appartenant aux brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, furent tués par un tir de missile air-sol, vient dans un contexte voulant faire croire qu'Israël peut aller en guerre sur plus d'un front. Mais le caractère limite de cette incursion laisse planer des points d'interrogation sur cette capacité. A signaler que depuis le début de l'escalade militaire israélienne contre le Hezbollah, qui a porté atteinte à l'image de marque de l'armée israélienne comme ce fut le cas à Karm Salem à la frontière israëlo-égyptienne où quelques résistants palestiniens ont réussi aussi à humilier cette « armée invincible », les Palestiniens orientent, désormais leur intérêt sur ce nouveau conflit, oubliant quelque part leurs propres souffrances. C'est dans la joie qu'ils ont accueillie l'annonce de la réussite de la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah. Ils n'étaient plus seuls à détenir un soldat israélien. Certains ont dansé dans les rues, d'autres ont distribué des friandises aux passants, alors que des femmes ont lancé des youyous. Les radios locales émettent à longueur de journée et en direct les nouvelles du front libanais. Ceux qui disposent de courant électrique sont collés à leur écran de télévision, car cette forme d'énergie est distribuée actuellement par régions et par quotas de 4 à 6 heures maximum par 24 heures, depuis la destruction par Israël de la principale centrale électrique qui couvrait, à elle seule, plus de 70% de la superficie de la bande de Ghaza. Malgré leurs appréhensions, après 5 jours de combats au Liban, de voir les Libanais seuls et abandonnés à leur sort par le monde arabe comme ce fut leur cas, surtout après l'échec de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, samedi au Caire, ils gardent l'espoir de voir le Hezbollah réussir là où le monde arabe a échoué durant près de 60 ans de conflit avec l'Etat hébreu. Si le Hezbollah est liquidé au bout de cette guerre sanglante dans laquelle l'Etat hébreu utilise tous ses gros moyens, qui font trembler de peur, il faut le croire, plus d'un pays de la région, la nation arabe et les Palestiniens seront soumis au diktat de cette force d'oppression pour plusieurs décennies à venir. Chaque jour qui passe et chaque missile qui tombe sur Israël font reculer ce sombre scénario, car en Palestine tout le monde est convaincu qu'Israël ne peut faire face à une guerre d'usure. Les Israéliens sont habitués à gagner leurs guerres en quelques heures ou au plus en quelques jours. Depuis 1948, le front intérieur israélien n'a pas reçu de coups qui font mal. Aujourd'hui, les missiles du Hezbollah ont changé cette situation. Hier, comme promis par Hassan Nasr Allah, le chef du mouvement chiite, les missiles sont tombés à Haïfa emportant 9 Israéliens et faisant terrer des centaines de milliers dans leurs refuges.