Il a fallu attendre une semaine, jour pour jour, après la tragique disparition du joueur de la JS Kabylie, Ebossé, pour assister au «réveil» des autorités algériennes qui vont tenter de reprendre la main sur un drame qui a éclaboussé l'image de l'Algérie à l'étranger. Après un silence radio d'une semaine, l'Etat algérien a sonné le tocsin et invite autour de la table le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, le ministre des Sports, le docteur Mohamed Tahmi, le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, le Directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani El Hamel, le commandant de la Gendarmerie nationale, Ahmed Bousteila, ainsi que le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua et celui de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj. Cet aréopage se réunira dimanche (demain) avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'effet de se pencher sur le drame survenu samedi dernier à Tizi Ouzou après la rencontre JS Kabylie-USM Alger qui a coûté la vie au Camerounais Albert Ebossé. Le parterre «d'invités» va tenter de proposer des solutions afin que pareille situation ne se reproduise plus. La réunion sera sanctionnée par une série de mesures qui, au final, ne changeront pas grand-chose à la dramatique situation induite par le phénomène de la violence dans les stades insuffisamment et très mal combattue par les pouvoirs publics au cours des dernières années. La mort d'Ebossé illustre d'ailleurs la faillite totale de toutes les politiques menées jusque-là et de circonstance seulement et dont le seul objectif se résumerait à faire croire à l'opinion publique que l'affaire de la mort d'Ebossé est prise en main et qu'un tel drame ne se reproduira plus dans les enceintes sportives algériennes. Abdelmalek Sellal et ses hôtes seraient bien inspirés de faire l'économie d'une énième «promesse de foi». La violence dans les stades se nourrit du laxisme, de la démission des pouvoirs publics qui n'ont jamais eu de véritable stratégie dans ce domaine qu'ils ont abandonné aux charlatans et autres bouffons du roi qui ont assis leur «existence» sur ce fonds de commerce ô combien juteux pour certains maquignons de service. La violence dans les stades est une chose trop sérieuse pour être appréhendée à la hâte ou livrée aux premiers venus. Le tribut à payer sera lourd, si d'aventure la réunion débouche sur du réchauffé, comme exhumer des tiroirs des résolutions accouchées de commissions déphasées avec la réalité du terrain. La violence dans les stades aura encore de beaux jours devant elle, si l'Etat algérien ne prendra pas la mesure du danger qui guette l'avenir du football algérien à travers ce fléau qui prospère à l'ombre de la démission et de la faillite de toutes les parties concernées et pas uniquement la FAF et la Ligue de football professionnel. Le Premier ministre serait bien inspiré s'il prenait soin de consacrer un moment de son temps précieux pour consulter le rapport Taylor, un lord et juriste britannique, auteur du rapport qui porte son nom et qui a débarrassé à tout jamais le football de Sa Majesté du hooliganisme et de ses tares.