Après des semaines d'incidents et de scandales, Amar Ghoul se rend à l'évidence et admet que Air Algérie n'est pas dans une situation normale. Le ministre des Transports, qui a défendu bec et ongles la compagnie, a changé de discours. Il annonce un audit de la compagnie et profère des menaces à peine voilées à l'encontre des responsables de la société publique qui vient d'enregistrer un nouveau scandale. Nous avons engagé un audit via l'inspection générale du ministère concernant la gestion, l'organisation et les services d'Air Algérie », a indiqué, hier, le ministre des Transports, Amar Ghoul, en marge de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. Cet audit, poursuit Amar Ghoul, vise à engager une «vraie» mise à niveau de la compagnie et améliorer ses performances. Il touchera la formation, les ressources humaines et la gestion de l'entreprise. Cet audit, qui a apparemment commencé, va donner les moyens à l'Etat de «prendre des mesures nécessaires» pour que la compagnie «retrouve le niveau nécessaire» à son fonctionnement. Le travail de vise à niveau passe par l'acquisition de nouveaux équipements, dont des avions. Incidents à répétition Agacé par la multiplication des incidents, dont un s'est produit il y a tout juste deux jours, le ministre des Transports est sorti de sa réserve habituelle et menace les responsables de la compagnie. «L'Etat ne va pas tolérer ce type d'accidents et d'incidents et chacun doit assumer ses responsabilités», a-t-il prévenu. «Nous refusons tout dénigrement, pression et dénaturalisation de l'image d'Air Algérie. Mais en même temps, nous refusons qu'elle reste dans son état actuel», a-t-il ajouté. Lundi, deux ATR de la compagnie nationale Air Algérie se sont «légèrement» heurtés sur le tarmac de l'aéroport Houari Boumediène, à Alger, allongeant ainsi la liste des incidents de la compagnie nationale. Cette série noire a commencé avec le crash, le 24 juillet, d'un avion affrété par la compagnie nationale auprès de l'espagnole Swiftair, 116 personnes, dont une majorité d'étrangers, y ont laissé leur vie. Les raisons du crash ne sont toujours pas connues. Mais les langues commencent à se délier. Et l'entreprise publique est au cœur de toutes les polémiques. Mohamed Salah Boultif, le Pdg d'Air Algérie, aphone au début de l'affaire, monte au créneau pour défendre sa compagnie. Il assure qu'Air Algérie «souffre de sureffectifs», mais qu'elle est «conforme» aux règles. Il accuse les «compagnies concurrentes» d'être derrière «une campagne de dénigrement» de son entreprise. Le ministre des Transports, qui s'est distingué par des sorties hasardeuses, a organisé, lui aussi, un point de presse pour avertir contre «les velléités de porter atteinte» à l'entreprise publique. Mais comme un malheur ne vient jamais seul, un avion battant pavillon national, mais affrété chez Malaysia Airlines, est sorti de la piste à l'aéroport de Lille, en France. Boultif considère que l'incident est «normal». Mais le mal est fait. Surtout qu'avant l'été, les critiques fusaient de partout à propos de la récurrence des retards qu'enregistre la compagnie nationale. Air Algérie trouvera-t-elle la bonne piste ?