Air Algérie sera auditée aux plans managérial, ressources humaines et des services. C'est l'information donnée, hier matin au siège du Sénat, par le ministre des Transports, Amar Ghoul. Est-ce là un effet d'annonce ou une réelle volonté de lever le protectionnisme de l'Etat sur une entreprise qui multiplie les manquements à ses prestations de service ? "L'inspection générale du ministère des Transports est chargée de diriger une enquête sur Air Algérie, et établir un diagnostic profond et détaillé aux plans du management, des ressources humaines et des services. Elle relèvera les défaillances et déterminera les responsabilités à tous les niveaux", a indiqué Amar Ghoul, ministre de tutelle, hier matin au Conseil de la nation, en marge de la cérémonie d'ouverture de la session parlementaire d'automne. Les conclusions de l'audit seront transmises au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et devront conduire à des mesures concrètes qui remettront sur les rails l'entreprise. Le ton du membre du gouvernement est moins assuré que lors de sa dernière intervention sur les déboires de la compagnie nationale, qu'il avait attribués à des manœuvres de déstabilisation et une campagne de dénigrement. "Nous refusons tout dénigrement, pression et dénaturation de l'image d'Air Algérie ou une tentative de la détruire car elle représente un acquis national. Dans le même temps, nous ne pouvons accepter la situation actuelle", a-t-il poursuivi, conscient qu'il ne convenait plus de cacher le soleil avec un tamis, pour reprendre une expression populaire, et continuer à défendre contre vents et marées le pavillon national. D'autant que ce dernier a vécu un été plutôt difficile. Le crash, le 24 juillet dernier, d'un avion affrété auprès de la société espagnole SwiftAir, porté un mauvais coup à l'image de la compagnie aérienne, mise aussitôt sous les projecteurs d'une publicité calamiteuse. Comble de malchance, l'entreprise ne cesse, depuis ce malheureux accident aérien, qui a entraîné la mort des 118 passagers et membres de l'équipage qui voyageaient entre Ouagadougou et Alger, d'enchaîner les incidents aussi malencontreux les uns que les autres. Le 12 août, un appareil du pavillon national s'est enlisé juste avant son décollage de l'aéroport de Lille (France) à destination d'Alger. Quelques jours plus tard, un enfant qui voyageait seul disparaissait pendant plus de 9 heures. Raison : le retard sur le premier vol fait rater au gamin sa correspondance de Sétif vers Lyon. Le staff qui devait s'occuper de lui lors de son voyage a perdu sa trace, exacerbant l'inquiétude de ses parents. Sur le même vol, des passagers se sont plaints de la perte de leurs bagages. La gestion du flux des voyageurs, principalement des émigrés de et vers l'Algérie, durant la période estivale, est carrément cacophonique. Retard des vols de plusieurs heures, passagers laissés en rade dans les aéroports sans aucune assistance... La réputation de ce que les Algériens appellent communément "Air Couscous" est au plus mal. Et ce n'est pas fini. Le 1er septembre, deux ATR 72-500 de la compagnie nationale se frôlent dangereusement au moment où l'un s'apprêtait à stationner. "C'est sans gravité. Suite à un traçage trop rapproché du parking des aéronefs, les deux ATR 72-500 se sont frôlés légèrement. Au moment de stationner un des deux avions a touché le bout d'aile de l'autre", a expliqué Air Algérie dans un communiqué rendu public. C'est peut-être un incident "léger et sans gravité", comme l'a affirmé Amar Ghoul, qui a, malgré tout, ordonné "une enquête pour définir les causes". Mais il intervient dans une série noire, qui ne peut relever du simple hasard, ni donner du crédit à la thèse du complot. Le ministre de tutelle s'est vraisemblablement rendu à cette évidence. Il a reconnu, hier, que les épisodes de défaillances d'Air Algérie, de ces dernières semaines, ne sauraient se reproduire. "L'Etat ne va pas tolérer ce type d'accidents et d'incidents et chacun doit assumer ses responsabilités", a-t-il asséné. S. H. Nom Adresse email