Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, s'est entretenu hier avec le secrétaire du Comité populaire général de la sécurité publique libyen (ministre de l'Intérieur), le général Salah Rajab El Mismari, arrivé dimanche soir à Alger, pour une visite consacrée à la coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité en visite de travail en Algérie, selon l'APS. « Nous avons de grandes actions communes et des objectifs communs et nous allons discuter de questions touchant aux intérêts de la Libye et de l'Algérie et relevant de nos compétences », avait-il déclaré à la presse à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediène où il a été accueilli par M. Zerhouni. Le général Salah Rajab El Mismari est accompagné durant sa visite à Alger d'une importante délégation, a rapporté l'APS sans plus de précisions. A son arrivée à l'aéroport, le général El Mismari a indiqué qu'« il y a une activité continue entre nos deux pays pour assurer le bien-être, la stabilité et la sécurité au profit des peuples algérien et libyen, qui ont des liens historiques et forts ». Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, était également présent à l'aéroport Houari Boumediène pour accueillir le ministre libyen, en compagnie de nombreux hauts responsables civils et militaires. Par ailleurs, M. Zerhouni a souligné que cette visite « constituera sûrement une occasion de donner une nouvelle impulsion à la coopération technique dans le domaine de la sécurité » entre l'Algérie et la Libye. « Nous avons déjà une coordination et nous devons entamer une nouvelle étape », a-t-il ajouté. Le ministre a prédit qu'« après cette visite, notre travail commun sera plus fort et plus efficace, au profit de nos deux peuples, notamment les citoyens libyens et algériens vivant dans la zone frontalière ». Zone frontalière jouxtant le nord du Niger et des aires de vie des Touareg nomades ou semi-nomades. Le jeu trouble libyen a été mis en évidence par la presse malienne lors de l'attaque de la ville de Kidal (nord-est du Mali), le 23 mai dernier, par des ex-rebelles touareg. Le gouvernement malien et les ex-rebelles ont signé un accord de paix le 4 juillet à Alger. L'Algérie, qui a joué le rôle de médiateur à la demande, n'avait pas apprécié les déclarations de Mouaâmar Kaddafi, qui évoqua à l'occasion du Mawlid à Toumbouktou (Mali) l'idée d'un « Etat du Grand Sahara ». Une manière, ont estimé les observateurs, d'encourager des mouvements séditionnistes dans les régions du Sahel sur des bases ethniques. La Libye a dû fermer son consulat à Kidal après les attaques du 23 mai 2006. Tripoli a dû se défendre dans la presse malienne pour démentir son rôle de déstabilisateur de la région nord du Mali. Et Kaddafi a dû aussi revoir à la baisse ses ambitions de médiateur de la crise touareg au profit de l'Algérie, officiellement sollicitée par Bamako. La visite du ministre libyen, hier, vient-elle rattraper ces débâcles en avançant l'argument des « liens historiques et forts » ? Reste à savoir aussi si « le travail commun » évoqué par le ministre algérien concernant l'avenir de la coopération technique dans le domaine sécuritaire dépassera-t-il l'épineux problème du tracé des frontières algéro-libyennes ou de la différence de vision sur le traitement de l'immigration clandestine.