La justice sportive avait promis de frapper fort, pour extirper la gangrène qui mine le calcio et en fait une connexion d'affaires scabreuses, d'échanges de faveurs, de corruption et de népotisme. Après le scandale des matchs truqués et des paris clandestins, révélé par le parquet de Naples qui enquête aux côtés de trois autres tribunaux (Rome, Turin et Parme), des dirigeants de clubs, des arbitres, des responsables de la Fédération et de la Ligue du football italienne ont dû subir un procès très médiatisé au terme duquel la Commission fédérale a tranché : la Juventus, la Fiorentina et la Lazio de Rome reléguées à l'échelon inférieur, avec annulation des deux derniers championnats remportés par les Bianconeri. Seul l'AC Milan s'en est sorti à bon compte, avec des points de pénalisation mais risquant sa participation à la coupe d'Europe. Les Tifosi concernés ont reçu le verdict comme un véritable coup de massue. Car un championnat sans la Juventus, la Fiorentina et la Lazio n'aura aucune saveur pour les Européens les plus mordus de football. Comment imaginer que la prestigieuse équipe de la Juventus, dont les joueurs composaient à eux seuls les deux tiers de la sélection de Marcello Lippi au dernier Mondial, jouera sur le minuscule terrain de football de l'équipe du Frosinone, une petite bourgade à la périphérie de Rome qui vient d'accéder, par repêchage, à la deuxième division ? Didier Deschamps ne veut pas donner de fausses illusions aux Tifosi de la Vieille Dame et a affirmé que le retour de l'équipe en première division « ne pourra pas se faire en un an ». Peut-être deux, promet l'entraîneur français appelé au secours de la Juventus après le départ de Fabio Capello au Real Madrid, société espagnole qui convoite également les champions du monde, comme Cannavaro, Buffon et Zambrotta, joueurs talentueux qu'on a du mal à imaginer jouer en deuxième division. Les habitants de Florence ont très mal pris la sentence de la Commission fédérale. Instigués par le maire de la ville Leonardo Domenici, les Florentins ont décidé de protester à leur manière contre l'exclusion de leur club, qui venait de retrouver la 1re division après moult difficultés, en brandissant à leurs fenêtres des linceuls violets, la couleur de la Fiorentina. Quant aux Turinois, même la crise de Fiat ne les avait pas autant égratignés dans leur amour-propre, à en croire le collectif d'intellectuels de la ville historique, qui jurent de se rebeller contre l'humiliation de leur squadra bianconera. Plus fair-play, le maire de Turin, Sergio Chiamparino, les invite à « respecter la décision de la justice sportive ». Et alors que la présidence de la Juventus semble s'être résignée à perdre deux saisons en division inférieure, les dirigeants des autres clubs, comme le président de la Lazio de Rome, Claudio Lotito condamné à trois ans et demi d'interdiction, et très contesté par les supporters du club qui réclament son départ, ont menacé de faire recours au Conseil d'Etat et même à la Cour européenne. L'été sera chaud dans la péninsule et les doux souvenirs du triomphe berlinois n'y pourront rien.