Pour sa première sortie sur le terrain du Mondial, la Squadra Azzurra n'a pas eu que des supporters parmi les Italiens. Après le dernier séisme qui a ébranlé le monde du Calcio, où la corruption des arbitres, les matchs truqués et les paris clandestins, le cœur n'est pas à l'allégresse que ce genre d'événements ne manque jamais de susciter dans la péninsule. Depuis que la justice italienne a découvert en enregistrant des conversations téléphoniques de dirigeants de la Juventus avec des arbitres influents, la boîte de Pandore du sport le plus populaire en Italie a été ouverte et n'a pas fini d'éclabousser des clubs prestigieux comme la Juventus et de détourner du football les plus irréductibles des Tifosi. Car comment faire semblant que plusieurs matchs de première division n'aient pas été truqués en faisant pression sur d'illustres arbitres et que des joueurs millionnaires comme le gardien de but Gianluigi Bouffon n'aient pas perdu des centaines de milliers d'euros en misant dans des paris clandestins. Et ce ne sont pas les 250 000 euros de récompense promis à chaque joueur en cas de victoire au Mondial qui vont redonner le moral aux supporters les plus passionnés du monde. Plusieurs d'entre eux, même si c'est pour d'autres raisons, ont préféré faire comme l'arbitre international Massimo De Santis, qui a affirmé aux journalistes : « Je ne regarderai pas le match Italie-Ghana. Je préfère voir un bon film ». Attitude compréhensible de De Santis qui devait représenter l'Italie au Mondial de l'Allemagne et qui en a été exclu après avoir été mêlé au scandale de la Juventus. Au siège du quotidien historique La Gazzetta Dello Sport, les journalistes ont suivi le match plus pour en rendre compte à leurs lecteurs, que par ferveur pour leurs joueurs. « Personnellement, j'ai supporté le Ghana jusqu'au bout. Malgré la victoire des Azzuri, j'ai préfère miser sur les camarades de Stephen Appiah, ex de la Juventus qui joue à présent en Turquie », nous confie Valerio Piccioni, responsable de l'édition romaine du journal. La presse d'hier avait consacré, dans son ensemble, sa première page à l'événement. Mais Il Sole 24 Ore, le très sérieux journal des Finances a choisi de rendre hommage au football africain. « La première révolution de l'Afrique se fut en Espagne en 1982. Le continent africain était représenté pour la première fois par deux équipes africaines, l'Algérie et le Cameroun. Les deux sont éliminées au premier tour, mais avec une consistante dose de malchance. L'Algérie menée sur le terrain par Rabah Madjer, le talent de Allah (c'est ainsi que les chroniqueurs italiens appellent l'ex-joueur du Porto, bat avec une grande surprise l'Allemagne de l'Ouest, futur finaliste et le Chili mais la défaite juste avec l'Autriche, lui sera fatale ». Le quotidien milanais Il Corriere Della Sera consacre sa caricature du jour au mondial en représentant Berlusconi et Prodi. Le patron de l'AC Milan scande « Forza Italia », qui en italien signifie « allez l'Italie », mais qui est aussi le nom du parti de Berlusconi, provoquant la colère de Prodi, qui s'empresse de lui rétorquer : « Ne faisons pas d'équivoques ».