Le projet accuse déjà un retard de dix ans, imputable à la mauvaise visibilité dans l'étude initiale d'évaluation, alors que L'enveloppe budgétaire a dépassé les deux milliards de dinars. De septembre 2004 à septembre 2014, toute une décennie s'est écoulée et la nouvelle aérogare de Annaba n'est toujours pas près de «décoller», malgré le faisceau de volontés nationales et locales. D'aucuns voient mal, par conséquent, ce qui pourrait faire obstacle à sa mise sur piste. Pour les administrations impliquées dans le projet, les contraintes sont de nature purement financière, sachant qu'au départ, l'enveloppe financière affectée à cette infrastructure névralgique, qui devait être livrée dans un délai de trente six mois après la mise en chantier en 2004, était de l'ordre de près de 480 millions de dinars. De réévaluation en réévaluation et de rallonge en rallonge, cette enveloppe a plus que quadruplé, les deux milliards de dinars largement dépassés. «Sous-évalué à son inscription au programme gouvernemental de développement, on savait déjà que le budget initial n'allait pas couvrir la totalité des gros œuvres. Nous avons soumis une demande de révision à la hausse. Malheureusement, dans son autorisation de programme (AP), le ministère des Finances avait accordé les 480 millions de dinars seulement. Pendant toutes ces années, les rallonges requises ne pouvaient être obtenues à temps. Elles arrivaient après des retards considérables. Ce qui s'est répercuté sur le cours des travaux. En somme, ce retard est imputable à la mauvaise visibilité dans l'étude initiale d'évaluation du projet», déplore une source bien au fait du dossier. Pourtant, cette nouvelle aérogare, qui a tant fait parler d'elle, était l'un des projets phares de campagne du président-candidat Bouteflika lors des élections de 2004. Depuis, le même président a été réélu, (re) réélu et (re) (re) réélu, soit le 3e mandat après 2004 bien entamé et la livraison de l'infrastructure n'est toujours au rendez-vous. «Un projet quasi le même était promis pour la wilaya de Tlemcen : une nouvelle aérogare dont les travaux avaient été lancés en 2007, trois années après celle de Annaba, mais qui a été réceptionnée en 2011. La notre attend peut-être une bénédiction de Sidi Brahim ou encore de Saint Augustin, les deux saints patrons de la ville de Annaba», fera remarquer sur un ton ironique notre source. Plusieurs contraintes avancées Chaque année, on en annonce la livraison pour ensuite la reporter prétextant des contraintes inattendues: glissements de terres rendant les accès impraticables, déficit de main-d'œuvre qualifiée, intempéries ou encore manque de matériaux de construction, invoque t-on, par ailleurs, du côté des entreprises en charge de la réalisation. Or, «en réalité, le problème majeur se situe ailleurs : une absence totale de coordination dans le suivi du projet entre la direction des Travaux publics (DTP) et son homologue des équipements publics (DEP) en plus de la contrainte de la centralisation des décisions notamment en termes de financement ou de collaboration avec des partenaires étrangers», assure notre source. Au total, faut-il le souligner, s'étaient succédées sur le chantier cinq entreprises dont l'Egyptien Arab Contractors et l'Algérien Glass Design (Bordj Bou Arréridj), une pléiade de commissions ministérielles mixtes, de parlementaires, de ministres, de walis…Tout ce beau monde n'a pas réussi à mettre fin à l'interminable attente, non seulement des habitants de Annaba, mais aussi de leurs voisins de Guelma, Souk Ahras, El Tarf ou encore de Skikda qui ne cessent de crier haut et fort leur ras-le-bol des conditions d'accueil de l'actuelle aérogare qu'ils estiment «indigne d'une ville de l'envergure économique et touristique de Annaba ainsi que du nom de Rabah Bitat qu'elle porte». Conscients de la légitimité de cette réputation peu flatteuse, les concepteurs du projet aéroportuaire se sont, par conséquent, attelés à assurer aux 700 000 passagers/an attendus, dans un premier temps, et extensibles au double, toutes les commodités universellement requises. L'accent étant mis sur l'efficacité, le confort et la fluidité des transits et autres correspondances. Des appréhensions qui persistent Ainsi, la nouvelle aérogare, située à quelques centaines de l'ancienne et qui s'étend sur plus de 10 000 mètres carrés, devrait être dotée de huit salles d'embarquement destinées aux vols internationaux et domestiques, précise un haut responsable de la direction régionale de Air Algérie. S'agissant des capacités d'accueil en termes d'appareils, le parking appelé à y être aménagé, pourra recevoir 6 avions extensibles à 12. Quant à la tour de contrôle qui ne serait, semble t-il pas, prévue dans le projet, un architecte du bureau d'études concepteur de la nouvelle structure, tient à préciser, «le projet consiste à créer une aérogare et non pas un aéroport. Celui-ci existe en l'état, au même titre que la tour de contrôle. Mais, l'établissement national de la navigation aérienne (ENNA) a été instruit de lancer un nouveau projet de tour». Un autre atout en matière de trafic aérien pour la ville de Annaba puisque l'aéroport Rabah Bitat est répertorié parmi les quelques aéroports de dégagement existants de par le monde et le seul sur toute l'Afrique de l'Est et l'Afrique du nord. «Outre l'absence totale d'obstacles, la piste est en face de la mer. Mieux, l'aéroport est situé à 5 mètres du niveau de la mer. Ce qui est à même de faciliter toutes les manœuvres de décollage et d'atterrissage et ce, quelles qu'en soient les difficultés et les conditions les météorologiques. Il ne faut pas perdre de vue que notre espace aérien est survolé par un nombre non négligeable d'avions civils et militaires. Avec la nouvelle aérogare, je peux vous dire que Annaba sera l'un des pôles les plus dynamiques en matière de transport aérien à l'échelle nationale», se félicite, pour sa part, le représentant de la DR d'Air Algérie. Toutefois, prévient-il, «dans le cas où l'infrastructure n'est pas concrètement opérationnelle d'ici à début 2015, tel que promis, l'opération pèlerinage 2015 pourrait être gravement compromise. Car elle coïncidera avec le retour de nos compatriotes vivant à l'étranger. Partant, il nous serait difficile, voire impossible, de gérer la situation vu les capacités d'accueil actuelles et la vétusté de l'aéroport Rabah Bitat. Autrement dit, ne pas livrer l'infrastructure avant l'arrivée de la saison estivale serait du plus mauvais effet pour tout le monde. Car nous serions obligés de déterrer les pratiques des années 1970 lorsque les formalités policières et douanières de nos hadji se faisaient à même les stades et le port. Les désagréments y découlant seront très lourds aussi bien pour les hadji que pour toutes les administrations concernées par l'opération». Voilà donc Annaba, en quelque sorte, condamnée à aller au bout de son projet... qui ne cesse de susciter des controverses depuis son lancement en 2004 à ce jour.