Un maître qui a marqué la musique chaâbi d'une empreinte indélébile. Un héritage riche qui survivra à la disparition du maître. Décédé dans la nuit de lundi dernier à l'hôpital de Zéralda, El Hachemi Guerouabi, un des maîtres de la chanson chaâbi a été inhumé hier au cimetière d'El Madania à Alger. Quelques heures auparavant, son cercueil est exposé au Palais de la culture pour permettre à ses fans, amis et artistes de se recueillir sur sa dépouille. Une foule nombreuse a accompagné l'artiste à sa dernière demeure. Entre autres artistes présents, Boudjemaâ El Ankis, Nasreddine Chaouli, Mohamed El Amari, Abderrahmane El Kobi, Abdelkader Chaou et El Ghazi. Rencontrés en la circonstance, plusieurs chanteurs indiquent avoir gardé de bons souvenirs de l'artiste. « Je l'ai connu enfant. Nous avons partagé près de soixante ans de vie commune, rappelle Boudjemaâ El Ankis, un autre maître du chaâbi. C'est pour moi un frère. Tout le monde le connaît et l'adore. Il a beaucoup donné pour la chanson algérienne. » De son côté, El Ghazi estime qu'avec la disparition de Guerouabi : « Nous avons perdu un monument de la chanson algérienne. Il aime et respecte ce qu'il fait. J'ai beaucoup travaillé avec lui. Nous avons animé de nombreuses soirées ensemble. Je garde de lui l'image d'un homme discret, timide et réservé. Mais quand nous sommes ensemble, il y a toujours de l'ambiance. » Nasreddine Chaouli reconnaît avoir appris beaucoup de choses auprès du cheikh. « Il rendait visite à l'association Fakhardjia où j'apprenais le hawzi et l'andalou. Il me donnait des conseils. Il m'a appris beaucoup de choses et encouragé à chanter l'andalou et le hawzi. Il est un exemple pour la nouvelle génération. Mon meilleur souvenir avec lui est cette soirée que nous avons animée avec d'autres chanteurs au théâtre de la ville à Paris, en décembre 2002. » Pour Abdelkader Chaou, Guerouabi est « un grand artiste que j'ai toujours admiré. Il a commencé avec moi et je suivais avec intérêt ce qu'il faisait. Sa rencontre avec Mahboub Bati a été prolifique. Il lui composait des chansonnettes, un genre qu'il interprétait avec beaucoup de succès. Nous avons animé beaucoup de soirées ensemble ». Notons que El Hachemi Guerouabi est né le 6 janvier 1938 à El Madania (Alger). Il a grandi à Belcourt. Outre la musique, il était un footballeur doué. Il a joué sa dernière saison au début de la décennie 1950 avec l'équipe de la Redoute Club. En parallèle, il s'intéressait à la musique à travers, entre autres l'hadj M'hamed El Anka, Mrizek et Hsisen. El Anka l'intègre dans son orchestre. Après l'indépendance, Mahboub Bati l'initie à la chansonnette, mais c'est le chaâbi qui le fascine dans toutes ses facettes.