Hadj Hachemi Guerouabi est décédé lundi soir à 23 h à Zeralda à la suite des complications provoquées par la crise cardiaque qui l'a terrassé. Admis dimanche dans l'unité des soins intensifs, Guerouabi n'a pu sortir de son coma. Il faut dire que depuis son hospitalisation, la lutte contre la mort était déjà une bataille perdue d'avance pour le maître de la chanson chaâbi tant le mal qui le rongeait avait fait d'énormes dégâts. Mais cette lutte a tenu en haleine tous les Algériens qui n'ont pas cessé de demander des nouvelles de ce dernier combat que menait Guerrouabi. Pourtant il fallait se rendre à l'évidence pour savoir que l'annonce de sa mort n'était qu'une question de temps même si tout un chacun nourrissait en soi cet infirme espoir de voir le maître prendre le dessus d'un coma qui était pourtant irréversible. Et quand l'heure arriva, l'homme, quoi qu'on dise, n'était plus maître de son destin. Dès lors, Hachemi Guerouabi quitte ce bas monde pour faire une entrée en force dans la postérité même si l'artiste s'est toujours arrangé de façon à faire croire à la postérité qu'il n'a pas vécue, car l'humilité a toujours accompagné le cheïkh durant ses cinquante années de carrière musicale. Humble, il le restera aussi durant sa maladie, malgré le grand mal qui le faisait souffrir atrocement, Guerrouabi trouvait toujours, selon des membres de sa famille, un petit mot pour réconforter les autres. D'ailleurs, El Hachemi a toujours travaillé pour les autres puisqu'en choisissant une carrière d'artiste, il savait fort bien qu'il fallait s'efforcer de bien faire son travail dans la mesure où il devenait comptable devant son public. Il apprendra aussi qu'on ne fait vraiment l'éloge d'un artiste que quand on parle assez de son œuvre pour oublier de louer sa personne. Guerrouabi apprendra cela tout au long d'une riche carrière pour devenir un pilier de la chanson algérienne, mais aussi le porte-parole de la chanson chaâbi. El Hachemi bercera alors jeunes et moins jeunes dans des qacidate qui resteront gravées dans les mémoires pour être perpétuées à travers les générations. Ces dernières garderont à jamais ce sourire qui accompagne le dialogue entamé avec le cerbère érudit du Hidjaz dans la chanson d'El Haraz. Un sourire que Guerrouabi n'a jamais oublié de marquer pour lui il constituait une complicité sympathique avec ses fans. Au mois de juillet 2005, au théâtre de Verdure, Guerouabi animait une soirée grandiose. Ce qui allait être sa dernière soirée devant son public fut tout simplement extraordinaire. Guerouabi qui venait d'être amputé d'une jambe refit son apparition sur scène pour démontrer que, malgré sa maladie, rien n'arrête la musique. Le Théâtre de verdure fera le plein ce soir-là pour accueillir l'enfant terrible de la chanson chaâbi. Devant ses fans, en plein milieu de sa ville natale, Guerouabi est revenu ce soir-là pour conquérir, l'espace d'une soirée, son public et son pays qu'il avait quittés depuis quelques années. Ce sera la plus belle soirée pour la musique chaâbi, une soirée prémonitoire puisque le message de Guerouabi était clair. Fatigué, il tiendra quand même plusieurs heures sur scène, soit le temps qu'il faut à tous ces jeunes pour comprendre qu'il y a un héritage à sauvegarder. El Hachemi voulait passer le témoin pour que le chaâbi ne sombre pas dans l'oubli, lui qui a su donner à ce genre toute l'architecture et la rénovation nécessaires pour le maintenir en place malgré le poids des années. L'annonce du décès de El Hadj El Hachemi Guerouabi a été ressentie comme une onde de choc à travers tous le pays. A Tizi Ouzou, plus particulièrement au chef-lieu de la wilaya, où le défunt chantre du chaâbi compte de nombreux amis. En effet, feu El Hachemi Guerouabi venait souvent à Tizi Ouzou, plus exactement à Aïn Hallouf, un quartier populeux de la haute ville de Tizi Ouzou, rendre visite à sa sœur qui n'est autre que la mère de Sid Ali Driss et dont le père était un horloger sans pareil. Il a eu aussi à animer par le passé de nombreuses fêtes familiales à Tizi Ouzou où il compte aussi de nombreux admirateurs. Mais « El Harrez » est parti « El Barah ». Il était malade et cela s'est compliqué « Youm lakhmiss » pour être hospitalisé en urgence « Youm eldjamaâ » . Guerrouabi s'en va mais le chaâbi continuera de chanter la vie, car seuls les enfants et les artistes savent la décrire telle qu'elle est.