L'agression israélienne contre le Liban, la plus sanglante depuis l'invasion de 1982, a coûté la vie, en l'espace d'une semaine, à 240 personnes, dont 212 civils, 23 soldats libanais et 5 combattants du Hezbollah. Des ponts, des réservoirs de carburant et d'eau, des stations d'essence ont été bombardés, ainsi que la plus importante usine de produits laitiers dans la plaine de la Bekaa. Les Israéliens ont également détruit l'un des plus importants dépôts de nourriture du pays ainsi que les usines de fabrication de denrée alimentaire. Cette situation chaotique a poussé la ministre libanaise des Affaires sociales, Nayla Moawad, a accuser Israël de vouloir « affamer » les Libanais en détruisant les infrastructures économiques. « Israël mène une guerre pour affamer le Liban. C'est une situation désastreuse. Ils sont en train d'isoler les régions les unes des autres, immobilisant les gens dans les maisons et les écoles. Il est très difficile, sinon impossible, d'atteindre certaines régions dans le Sud ou d'obtenir de l'aide », dira-t-elle. En effet, depuis le début de l'offensive israélienne, des centaines de familles ont fui leurs maisons. A Beyrouth, plus de 55 000 personnes ont été forcées de quitter leurs maisons, dont des milliers ont trouvé refuge chez des parents et les autres dans des écoles ou des lieux publics. Cet exode de plus d'un demi-million de personnes est qualifié de catastrophe humanitaire par l'Unicef. Les habitants du sud du Liban et de la banlieue ont été contraints de fuir leurs villages, pour éviter les tirs aveugles et les bombardements. Ces réfugiés se sont retrouvés en masse dans les écoles publiques de Beyrouth et du Mont-Liban, vivant malheureusement dans la précarité. Ces derniers doivent s'estimer heureux, car d'autres n'ont même pas eu cette chance, puisqu'ils se sont retrouvés en plein air. Ils ont pris d'assaut les jardins publics. En somme, ces personnes déplacées souffrent et manquent de tout : de couvertures, de matelas, de médicaments et de produits de première nécessité comme le lait, le pain, la semoule et les couches pour bébés. Ces familles sont sorties de chez elles si soudainement qu'elles n'ont rien emporté avec elles. Les réfugiés comptent, aujourd'hui, uniquement sur de jeunes personnes appartenant à des partis politiques ou à des fondations, qui se sont mobilisées spontanément afin de leur venir en aide et d'organiser les lieux de refuge. Une chaîne de solidarité s'est certes installée et des efforts ont été déployés par les institutions étatiques afin d'acheminer dans les plus brefs délais des caisses de ravitaillement à cette population en détresse. Une population qui ne voit nullement le bout du tunnel et son calvaire risque de durer longtemps. Selon certaines informations émanant du Liban, les écoles où sont réfugiées les familles sont bondées et les problèmes de la vie quotidienne s'y trouvent décuplés. Des salles de bains utilisables n'y sont pas toujours disponibles et l'eau courante fait parfois défaut. « On y est entassé parfois à plus de vingt dans une salle de classe, mais nous savons qu'il est impossible de faire autrement. Nous avons besoin d'aller faire des courses, d'acheter le pain, l'eau minérale, les couches pour bébés et autres produits nécessaires, mais nous ne pouvons pas, parce que les magasins sont tous fermés. » Tel-Aviv s'en prend aux bébés « Les commerçants ont peur d'ouvrir leurs magasins et demain ces mêmes commerçants auront des difficultés d'approvisionnement, car les infrastructures servant de relais ont été détruites », explique un réfugié qui craint la dégradation de la situation. Dans toutes les écoles servant de refuge, les organisateurs, que ce soit les personnes affiliées à des partis politiques ou au secours populaire, ont dressé une liste de toutes les personnes présentes sur les lieux afin d'éviter les problèmes et pour une distribution rationnelle des produits alimentaires et autres effets, mais aussi pour faire face à un flux incessant de personnes. « La prise en charge de cette population est très difficile, nous manquons de matelas, de couvertures, de médicaments et de produits alimentaires. Certes, nous recevons des aides des associations et parfois des habitants, mais nous ignorons combien cela va durer », a expliqué un responsable du secours populaire dans les colonnes du journal An-Nahar. Il est à souligner que les différentes forces politiques ont créé des cellules d'urgence pour venir en aide aux réfugiés. Notons en outre que les habitants de Aytaroune, un village situé au sud du Liban et qui a été sérieusement touché par les raids israéliens, souffrent énormément. Ils manquent des produits les plus élémentaires, à savoir le pain et le lait pour les nourrissons. Les villageois craignent la pénurie après le bombardement de la plus importante usine de lait. Par ailleurs, il est à mentionner que certains pays ont envoyé de l'aide aux Libanais. En Algérie, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale et président de l'Union médicale algérienne, Djamal Ould Abbas, a annoncé, selon l'APS, l'envoi d'une équipe médicale composée de 16 médecins spécialistes en vue d'apporter aide et assistance aux victimes de l'agression israélienne contre le Liban et la Palestine. Dotée de matériel médical nécessaire et d'un lot de médicaments, l'équipe médicale se rendra aujourd'hui en Syrie pour assurer les soins nécessaires aux blessés. De son côté, la Croix-Rouge allemande a versé une aide d'urgence de 200 000 euros pour les victimes des bombardements israéliens au Liban. Cette aide sera utilisée pour l'achat de médicaments, de biens de consommation et de produits hygiéniques. Pour sa part, le président français Jacques Chirac a assuré que son pays fera le maximum pour apporter au Liban l'appui humanitaire dont il a un besoin urgent.