L'ancien ministre des Affaires étrangères italien, du temps du gouvernement socialiste de Bettino Craxi et secrétaire général du nouveau Parti des socialistes italiens (PSI), Gianni De Michelis, a affirmé, lors d'un talk-show télévisé, que la résistance des Algériens contre l'intégrisme et le terrorisme n'était qu'une « propagande », accusant tous les gouvernements arabes d'être « des sympathisants des extrémistes » et qui « justifient le terrorisme ». M. De Michelis est libre de se ranger dans le camp des « plus américain et plus israélien que moi, tu meurs », qui a le vent en poupe en Italie, ces jours-ci, mais il devrait avoir l'honnêteté intellectuelle de ne plus se présenter comme « l'ami des Arabes », et surtout renoncer à la fonction honorifique de président de l'Association d'amitié italo-algérienne, que quelqu'un a cru, curieusement, opportun de lui attribuer. Pourtant, des amis de l'Algérie, sincères et non opportunistes, il y en a parmi les Italiens ! Ce n'est pas la première fois que le député socialiste soutient de telles propos, graves et ouvertement hostiles aux dirigeants arabes et aux Arabes tout court, dans son zèle de vouloir présenter les Israéliens comme étant les seules victimes du conflit au Moyen-Orient. Lors de l'émission « Omnibus », très suivie (diffusée par la chaîne privée italienne La7 et transmise tous les matins entre 7h50 et 9h), de mardi dernier, consacrée à l'attaque israélienne contre le Liban et à laquelle étaient conviés le secrétaire général du Parti radical Daniele Cappezzone, le porte-parole du parti post-fasciste Alliance nationale et qui avait organisé le premier voyage en Israël de l'ancien ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini, Andrea Ronchi, le leader socialiste Gianni De Michelis, le député communiste d'origine palestinienne Ali Rachid et notre correspondante à Rome, Nacéra Benali, les trois politiciens italiens n'ont pas eu un mot de condamnation pour l'attaque israélienne contre le Liban et ont été jusqu'à accuser de « sympathisant du terrorisme quiconque critique la légitime défense israélienne ». Les deux participants arabes ont, eux, soutenu le caractère grave et injuste de l'attaque israélienne et ont plaidé la cause des Palestiniens et des Libanais, « victimes de l'impuissance de la communauté internationale à faire respecter le droit international ». Notre consœur a basé son intervention sur le risque réel de « catastrophe humanitaire qui menace la population civile libanaise », récusant les propos de De Michelis qui refusait qu'on parle de « guerre déclenchée ». « Le concept de légitime défense et de guerre préventive a été perverti par Bush et à présent par Olmert. Car l'attaque perpétrée par les milices de Hezbollah contre une patrouille militaire ne peut justifier la destruction d'un pays et la mort de deux cents civiles sous les bombardements israéliens. » Attaquée verbalement par De Michelis et Ronchi, qui l'accusent de « justifier le terrorisme », elle leur répliqua qu'elle n'avait pas, en tant qu'Algérienne, à recevoir de leur part de leçons sur la mobilisation contre le terrorisme, « car quand les Algériens résistaient seuls contre l'intégrisme et le terrorisme, où étaient les Occidentaux ? » De Michelis l'interrompit pour qualifier de « propagande » ses propos, soutenant que tous les Arabes encouragent les extrémistes, et laissant entendre que tous les Arabes et leur gouvernement sont favorables aux intégristes, veulent la fin d'Israël et ne désirent pas la paix. Ce à quoi la journaliste et le député palestinien ont répliqué énergiquement. De Michelis a quitté le plateau avant la fin du débat, annonçant qu'il avait un vol pour Le Caire. Une autre capitale arabe, avec Alger, qui déroule le tapis rouge devant un homme politique qui ne cache plus son hostilité envers les Arabes.