L'orchestre de chambre de la bibliothèque d'Alexandrie a rendu hommage à la musique classique nordique et à Rageh Daoud, célèbre compositeur égyptien. Dimanche soir, à la grande salle du Théâtre national algérien, TNA, à Alger, le romantisme musical allemand a côtoyé la composition symphonique orientale, au 6e Festival international de musique symphonique d'Alger qui se poursuit jusqu'au 19 septembre. Le duo suisse, Schmidt-Michel, a interprété des extraits des œuvres de l'Allemand Johannes Brahms et du Français Gabriel Fauré. Brahms avait fait les beaux jours de l'école romantique, alors que Fauré, élève de Saint-Saëns, était plus dans le post-romantisme. Fauré, qui fut le maître de Maurice Ravel et de Claude Debussy, était un adepte de la spiritualité dans la musique. Il voulait rompre quelque peu avec le romantisme allemand, marqué par une orchestration élaborée de forme très expressive. Peter Schmidt au violoncelle et Katia Michel au piano ont offert donc une palette colorée de ces deux styles qui ont traversé l'Europe musicale du XIXe siècle. «La Suisse est au milieu. Nous parlons français et allemand. Nous nous sommes dit que jouer Brahms et Fauré était une bonne combinaison musicale. A chaque fois que nous élaborons un programme, nous pensons d'abord au public», a expliqué Katia Michel qui a étudié la musique aux Etats-Unis et en Espagne. Etablie à Barcelone, Katia Michel enseigne au Conservatoire du Licéo, alors que Peter Schmidt, Allemand d'origine, est membre de l'orchestre de la capitale de la Catalogne. Composé de cinq musiciens, l'ensemble Klang Essenz est allemand aussi. Dimanche soir, il a proposé un programme du compositeur Franz Anton Hoffmeister avec des extraits de Grand Quintetto B-Dur. Hoffmeister, qui avait vécu à Vienne en Autriche (vers 1768), était un ami de Mozart et un proche de Beethoven. Il aurait composé une soixantaine de symphonies et autant de concertos. L'ensemble Klang Essenz a également interprété avec beaucoup de précision et de maîtrise des extraits d'une œuvre peu connu du compositeur français George Onslow. D'origine anglaise, Onslow s'était entièrement consacré à la musique de chambre, ce qui lui avait valu une grande reconnaissance surtout en Allemagne. Mené par Nayer Nagui, l'orchestre de chambre de la bibliothèque d'Alexandrie a plongé dès le début dans l'univers classique nordique. Un choix judicieux avec les compositions du Norvégien Edvard Grieg et du Finlandais Jean Sibelius. L'orchestre d'Alexandrie a notamment joué la célèbre «Suite Holberg» de style baroque. Composée vers 1884, cette suite, formée de cinq mouvements avec quelques sonorités folkloriques, avait été composée par Edvard Grieg en hommage au dramaturge danois Ludvig Holberg, connu pour ses comédies d'un réalisme novateur pour son époque (vers 1710). Le célèbre compositeur égyptien, Rageh Daoud, était également à l'honneur lors du concert de l'orchestre d'Alexandrie avec la reprise de «Passacaglia» pour luth, piano et cordes. Formé à l'école de Vienne, Rageh Daoud figure parmi les compositeurs égyptiens les plus célèbres au monde actuellement. Il est connu aussi pour ses travaux musicaux pour le cinéma (il a composé pour une vingtaine de films réalisés notamment par Daoud Abdelsayed et Ines Al Doughaïdi). La musique de Rageh Daoud est empreinte d'une certaine philosophie et d'un certain souci permanent de perfection. «L'orchestre d'Alexandrie a été lancé avec la création de la bibliothèque d'Alexandrie en 2002. Il est composé de seize musiciens. Annuellement, nous animons 25 concerts en Egypte. Nous nous déplaçons souvent à l'étranger aussi. A chaque fois, nous faisons en sorte de mettre en valeur les compositeurs arabes de la musique classique. Car nous avons remarqué que la plupart des orchestres qui existent dans les pays arabes jouent les partitions de compositeurs européens. Ainsi, nous jouons les compositions de Rageh Daoud, Djamel Abderrahim, Cherif Mohieddine, Nader Abassi, Abdallah Al Masri…», a précisé Hisham Gabr, directeur de l'orchestre. L'Egypte compte trois grands orchestres : l'Orchestre symphonique du Caire (créé en 1959), l'Orchestre de l'Opéra du Caire et l'orchestre d'Alexandrie. «Nous constatons actuellement un intérêt de plus en plus grand des jeunes Egyptiens pour la musique symphonique. Ce qui est encourageant», a relevé Hisham Gabr.