Au premier abord, la cité d'Addas paraît comme un lieu édénique. Perchée sur une falaise surplombant la mer et la ville, Addas offre aux visiteurs une vue imprenable sur la grande bleue et le port. Mais au fur et à mesure que vous vous engouffrez dans les venelles de cette cité et écoutez les lamentations des habitants, ces magnifiques paysages perdent de leur splendeur et deviennent presque méprisables. En effet, les tas de sacs d'ordures entassés à l'entrée de la cité est un signe révélateur de la négligence et du manque de considération vis-à-vis de cette population. Pourtant, la décharge publique est située à une centaine de mètres de la cité. D'ailleurs celle-ci (la décharge) constitue un véritable calvaire pour les habitants d'Addas. Implantée à quelques mètres de cette cité à forte concentration démographique, cette décharge reçoit quotidiennement des dizaines de tonnes d'ordures qu'on détruit par une mise à feu pour en réduire le volume. Malheureusement, de par sa proximité de la cité, les habitants sont contraints d'inhaler ces volutes de fumée de jour comme de nuit. En plus de la combustion des déchets qui empoisonnent la vie des riverains, les odeurs nauséabondes qui se dégagent du site et les sacs en plastique qui envahissent tous les champs agricoles avoisinant la décharge, celle-ci s'approche inexorablement des habitations. Ce lieu d'ordures, nous ont raconté les habitants, pullule de serpents, de reptiles de tous genres, de chats et de chiens errants et d'autres rongeurs nuisibles. Ces intrus, qui ont élu domicile dans cette montagne d'immondices, s'aventurent souvent dans la cité et inquiètent sérieusement les habitants. «Les abords de la cité sont infestés de serpents. Ces plantes sauvages qui entourent la cité offrent un abri idoine à ces reptiles qui représentent un danger potentiel pour nos enfants mais jamais une opération de désherbage et de nettoiement de la cité n'a été entreprise, une preuve qui illustre parfaitement l'indifférence des autorités locales vis-à-vis de notre cité», se lamente un citoyen. Visiblement, l'état de délabrement dans lequel se trouve Addas démontre le peu d'intérêt qu'ont accordé les responsables locaux qui se sont succédé à la tête de l'APC, à leurs concitoyens, quant au traitement de leurs doléances et la prise en charge effective de leurs problèmes qui, selon toute vraisemblance, ne sont pas encore programmés. «Parfois, l'on se demande si nous sommes des citoyens à part entière tant la marginalisation de notre quartier a atteint son paroxysme», s'indigne un habitant. «Ce qui nous consterne plus, enchaîne-t-il, c'est que les autres quartiers ont bénéficié de différentes opérations d'aménagement. Nous ne sommes pas contre le fait que les doléances de nos concitoyens dans autres quartiers soient prises en charge mais nous dénonçons sans retenue la discrimination dont nous sommes victimes».Le désarroi est palpable au sein de cette population qui ne croit plus aux promesses creuses des élus. Au moment où notre interlocuteur nous énumère les difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement, une femme nous interpelle à haute voix. Derrière le grillage de sa fenêtre, une image très significative, la locataire ne mâche pas ses mots pour critiquer ouvertement la façon de faire des élus qui oublient sa cité : «Ils nous ont ramenés ici et ils nous ont abandonnés», tonne-t-elle. Et d'ajouter : «Nous n'avons pas d'eau, pas d'école, pas de transport, encore moins le transport scolaire, nos enfants parcourent quotidiennement 02 km pour rejoindre l'école. Ils sont constamment menacés par ces chiens errants qui rôdent à longueur de journée dans les parages. Moi, je suis venue habiter ici en 2004, je n'avais pas encore d'enfant. A l'époque, la construction de l'école était déjà entamée, aujourd'hui, ma fille aînée est en 2e année primaire et l'école n'est pas encore terminée». Effectivement, nous avons constaté sur place la construction d'une école primaire dont les travaux sont encore en phase de gros œuvres. En fait, ce sont les travailleurs qui nous ont confirmé qu'il s'agit bien d'une école primaire car il n'y a aucun écriteau renseignant sur la construction. Cependant, de l'avis de nos interlocuteurs, le choix du site pour l'implantation de cette infrastructure éducative, aux abords de la décharge publique, n'est qu'une autre preuve flagrante du mépris le plus total des responsables locaux envers les habitants d'Addas.