A l'invitation de l'association Tadukli de Raffour, l'écrivain Rachid Oulebsir a animé une conférence -débat sous le thème «La culture Kabyle entre tradition et modernité», au centre culturel Matoub Lounès de Raffour, commune de M'Chedallah (40 km à l'est de Bouira). Partant d'un constat amer, l'écrivain a déploré le rôle minime des partis politiques qui n'ont pas pu promouvoir la culture kabyle et amazighe en général. «On a pensé que c'est à travers les partis politiques qu'on allait sauvegarder la culture amazighe. On a eu tort. On a mis les charrues avant les bœufs. Les valeurs de la Kabylie sont en déperdition», déplore-t-il. Pour lui, le système politique en Algérie a absorbé même des personnalités censées être à l'avant-garde de la scène revendicative culturelle. Cette situation déplorable a bien des racines qui sont tout d'abord l'aliénation culturelle par la colonisation. Cette dernière a enraciné l'idée de l'inexistence d'une culture amazighe. Beaucoup de questions foisonnent dans l'esprit de l'écrivain. La culture kabyle est sortie de son cadre rural traditionnel vers l'urbain moderne. «Cette sortie n'a-t-elle pas engendré la perte de cette culture ? Les différentes fêtes et festivités, sont-elles à caractère culturel ou commercial ?», s'interroge encore Rachid Oulebsir qui a tenu à préciser qu'il ne condamne pas la modernité. «Je ne me pose pas des questions morales, mais je cherche à comprendre. La culture amazighe est en danger, mais on ne fait rien.» L'écrivain propose l'établissement d'un bilan culturel, civilisationnel, ainsi que dans tous les domaines. Après cette première étape, il faut une fixation sur ce qui reste de la culture kabyle. Cela viendra à travers l'utilisation des moyens technologiques. Il s'agit aussi de l'inscrire comme patrimoine culturel immatériel sous protection de l'Unesco. La sauvegarde de ce patrimoine passe aussi par l'enseignement scolaire et l'apprentissage des métiers artisanaux.