Rififi et colère à l'Assemblée populaire nationale (APN). La reprise des travaux, 20 jours après l'ouverture officielle de la session d'automne du Parlement, ne s'est pas déroulée dans le calme. Et c'était prévisible. Le forcing exercé par la majorité FLN-RND-indépendants pour exclure les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) des structures de l'APN a suscité un malaise au sein de l'hémicycle. En effet, la séance plénière consacrée, hier, à l'élection des neuf vice-présidents de l'Assemblée qui procéderont, à leur tour, à l'installation des 12 commissions permanentes et du bureau de l'APN, a été marquée par la cacophonie et l'anarchie. a situation a duré plusieurs dizaines de minutes, durant lesquelles les députés «lésés» ont exprimé leur indignation. Dès l'entame de la séance, les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (composée du MSP, d'Ennahda et d'El Islah) se sont levés pour demander «le respect des lois de la République qui donnent le droit à l'opposition de siéger au sein des structures de l'Assemblée». Les protestataires ont insisté pour prendre la parole et exprimer leur rejet de la liste nominative de 9 vice-présidents proposée par le FLN, le RND et le groupe des indépendants. Pour montrer leur mécontentement, les députés des partis islamistes ont chahuté la séance en frappant sur les tables, plongeant ainsi la salle dans le désordre. Mis en cause directement, le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, est resté inébranlable. Il décide, malgré tout, de poursuivre la présentation de l'ordre du jour de la séance et l'opération de vote. «C'est scandaleux ce qui se passe au sein de cette Assemblée. Jamais la loi n'a été bafouée à ce point. Ould Khelifa a fait de son mieux pour exclure les partis de l'opposition des cercles de décision de l'Assemblée», a lancé Naâmane Laouar (député du MSP) à l'adresse du premier responsable de l'APN. Les contestataires accusent également Larbi Ould Khelifa d'avoir enfreint le règlement intérieur de l'APN dans son article 13. Ils dénoncent aussi l'absence du quorum pour procéder à l'installation du bureau. Chassez le naturel, il revient… Le président de l'APN ne veut rien entendre. Il ignore les protestataires et explique que l'article 13 du règlement intérieur qui prévoit la répartition des structures de l'APN entre les groupes parlementaires pour une année, a été respecté et que le quorum a été atteint avec 234 députés présents et 36 procurations enregistrées. La séance, qui a démarré avec plus d'une heure de retard, n'a duré que quelques minutes. Le président de l'APN n'a pas prononcé de discours. Il s'est contenté de quelques mots seulement… Pendant que les députés des partis au pouvoir s'affairaient à finaliser leur plan visant à contrôler les structures de l'APN et obtenir les récompenses financières, ceux de l'AAV se sont retirés de la salle, décidant de poursuivre leur contestation dans le hall en brandissant des banderoles exprimant leur rejet de la manière dont ils ont été traités. Le président du groupe parlementaire du MSP, Filali Ghouini, a dénoncé l'indifférence et le mépris du président de l'Assemblée et évoqué «une sanction politique». Selon lui, le pouvoir pratique un double discours : «L'Alliance a été sanctionnée pour son choix de militer dans l'opposition. On ne veut pas de l'opposition comme contre-pouvoir. Le pouvoir à travers l'Assemblée veut museler l'opposition et cela va à l'encontre du discours officiel.» Et de pointer du doigt le président de l'APN : «Ould Khelifa a tout simplement piétiné le règlement intérieur.» L'AAV compte, selon lui, introduire un recours. Une démarche qui ne risque pas d'aboutir, de l'avis même de Ghouini, puisque cet acte est politique. La colère a même touché les élus du FLN. Mme Idalia Ghania, députée de la circonscription de Blida, a crié au scandale du fait qu'elle a été exclue injustement de la liste de l'ex-parti unique. «Lors du vote, j'ai eu 75 voix et Daraoua (Oran) en a eu 74. J'ai été félicitée par le président du parti et, aujourd'hui, j'apprends que j'ai été exclue parce que j'avais le même nombre de voix que Daraoua et que le poste revenait à la députée la plus jeune. Ceci est contraire au règlement intérieur de l'APN», explique Mme Idalia, qui qualifie cette démarche d'«acte discriminatoire» et d'«antécédent grave». «Ils ont favorisé une députée de l'Ouest contre celle du Centre. C'est inconcevable», dénonce-t-elle.