Ould Khelifa a été plébiscité par les députés du FLN et ceux du RND Les travaux de la première séance plénière de l'APN se sont déroulés dans un climat pas du tout serein. Mohamed Larbi Ould Khelifa a été élu, hier, à la majorité écrasante des députés, à main levée, président de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour un mandat de cinq ans au titre de la 7e législature. Candidat unique, élu du parti du Front de libération nationale (FLN), M.Ould Khelifa a été plébiscité par les députés du FLN et ceux du Rassemblement national démocratique (RND) qui l'ont assuré de leur soutien. Les élus du Parti des travailleurs (PT) se sont retirés de la salle, se disant «non concernés» par l'élection du président de l'Assemblée. Les députés du Front des forces socialistes (FFS) se sont, quant à eux, abstenus, en guise de contestation de cette élection. Ils ont estimé qu'il était nécessaire de mettre en place le règlement intérieur de l'Assemblée avant de procéder à l'élection de son président. L'élection du nouveau président de l'APN a été faite en l'absence des députés de l'Alliance de l'Algérie verte, composée des trois partis islamistes: le MSP, En Nahda et El Islah. Ces derniers ont quitté l'APN durant la séance inaugurale de l'installation de la nouvelle Assemblée, issue des élections législatives du 10 mai dernier. La cérémonie de l'installation n'a pas été, en effet, de tout repos pour le président de la séance, M.Ould Khelifa qui l'a présidée en sa qualité d'élu le plus âgé. Les députés islamistes de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) ont chahuté les travaux de l'installation, créant une pagaille générale dans l'enceinte de l'Assemblée. Après l'appel des nouveaux députés, les 49 élus de cette entité ont brandi des pancartes rouges sur lesquelles on pouvait lire: «Non à la fraude». Les députés de l'Alliance verte se sont retirés, par la suite, des travaux de l'Assemblée, estimant que le reste du programme ne les intéressait pas. «Cette Assemblée est issue de la fraude et n'a pas de crédibilité. Les responsables de la fraude doivent assumer leur responsabilité devant le peuple», a déclaré à la presse le député de cette alliance, Fillali Ghouini. Ce dernier a précisé que cette protestation n'a été qu'un moyen pour dénoncer la fraude électorale, ajoutant qu'il y a d'autres méthodes qui seront exploitées dans le futur. Elu sur la liste de l'Alliance de l'Algérie verte à Alger, l'ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, n'a pas jugé utile d'adopter la même position que ses pairs. Il n'a brandi ni pancarte rouge ni quitté la chambre basse du Parlement. Interrogé sur l'attitude de M.Ghoul, Naâmane Larour, ex-député du MSP et actuel coordinateur du groupe parlementaire de l'AAV, a indiqué que ceux qui ont des positions différentes que celle des listes sur lesquelles ils sont élus et qui vont ou veulent devenir membres du gouvernement n'engagent qu'eux-mêmes.Dans une déclaration remise à la presse, le groupe parlementaire de l'AAV a protesté officiellement contre les résultats annoncés par le Conseil constitutionnel et dénoncé ceux qui les ont manipulés.L'AAV a affirmé, en outre, qu'elle ne boycottera pas les travaux de l'APN, soulignant qu'elle garde son droit dans le militantisme à l'intérieur de l'Assemblée et rejetant par-là même, la confiscation de la dignité des citoyens. Cette réaction a surpris plus d'un, à commencer par les députés du FLN et du RND qui ne s'attendaient certainement pas à une telle levée de boucliers des islamistes qui estiment que leur victoire a été confisquée. Cette opposition prélude à un mandat parlementaire houleux, pour peu que les islamistes aillent au bout de leur logique.Cependant, le retrait des députés de l'AAV et du PT ne sont pas les seuls premiers couacs qui ont marqué la première séance de la 7e législature. Les neuf députés élus du Front national algérien (FNA) ont créé, eux aussi, l'événement en rendant public un communiqué dans lequel ils se sont démarqués de la position du président de leur parti, Moussa Touati, qui a décidé de boycotter l'APN et de faire partie des 16 formations qui ont formé le front de refus des résultats des élections. Dans leur communiqué, ces députés, qui se disent non concernés par les dernières déclarations du président du parti, ont souligné qu'ils vont «défendre les droits légitimes des citoyens». Ali Laskri à propos de la participation au gouvernement «Ce n'est pas à l'ordre du jour» «La participation du Front des forces socialistes au gouvernement n'est pas à l'ordre du jour», a déclaré le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, en marge de la cérémonie d'installation de l'Assemblée nationale, hier. Intérrogé sur le dernier message du président du parti portant sur la sanction des militants qui n'ont pas respecté le règlement du parti, Laskri n'a pas avancé de noms. «Ce sont les instances du parti qui vont trancher à propos des sanctions», a-t-il brièvement répondu. Rachid Harraoubia «C'est une décision de la direction» Le candidat fortement pressenti à la tête de l'Assemblée nationale, Rachid Harraoubia, prend son mal en patience. Invité à s'exprimer sur le choix porté sur son rival, Larbi Ould Khelifa, le ministre s'est montré serein. «C'est une décision de la direction qu'il faut respecter», a-t-il clairement déclaré. M.Harraoubia explique que le poste de président de l'Assemblée exige des critères et des compétences avérées. Miloud Chorfi «Ça fait partie du jeu démocratique» Le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, a estimé que c'est un climat démocratique. «La réaction de l'Alliance verte entre dans le jeu démocratique», a-t-il simplement jugé. Pour lui, ce genre de réaction était prévisible. «On s'attendait à une telle réaction au moment où ces partis n'arrêtaient pas d'évoquer le Printemps arabe», a-t-il reconnu. Djoudi à propos de l'absence de Hanoune «C'est une position politique» L'absence de la secrétaire générale du PT n'est pas involontaire. «C'est une position politique», a déclaré le porte-parole du parti, Djoudi, en marge de l'installation de l'Assemblée nationale. Ce responsable a également réitéré la position de son parti en qualifiant cette assemblée d'illégitime. Sur le nombre de sièges récupérés suite aux recours déposés auprès du Conseil constitutionnel, M.Djoudi fait savoir que sa formation s'attendait à 30 sièges au moins. Selon les résultats obtenus le jour du scrutin, le PT avait misé sur 80 sièges.