C'est de Rouissat que le coup est parti l Rentrée scolaire au forceps à Ouargla, dans un climat tendu accentué par un sentiment général de mépris envers les inquiétudes des parents d'eleves et de la famille de l'éducation en général. C'est donc Rouissat qui maintient la pression depuis deux semaines. Ce fut d'abord un consensus général des habitants sur la nécessité d'en découdre avec la surcharge des classes et la situation catastrophique en matière d'hygiène et de salubrité dans certains établissements scolaires de cette commune du chef-lieu de la wilaya. Des sit-in de protestation se sont vite transformés en dissidence sociale organisée depuis que les parents d'élèves ont décidé de ne plus envoyer leurs enfants à l'ecole. Le comité d'organisation et de coordination de ce mouvement de protestation, qui a abouti hier à un sit-in devant l'académie de Ouargla, n'en démord pas : «Puisque les responsables n'ont pas les bonnes réponses à nos questions, ce sera un sit-in avec les eleves à partir de mercredi (aujourd'hui, ndlr).» Inquiétudes Les interrogations des parents d'élèves d'une dizaine d'établissements de la commune de Rouissat, à 5 km de Ouargla, chef-lieu de daïra également, déplorent la situation des principaux établissements scolaires de leur localité et estiment avoir épuisé toutes les démarches administratives en vue d'attirer l'attention des autorités locales, à commencer par le directeur de l'éducation. Des insuffisances jugées intenables, à savoir des classes mal équipées, en surnombre d'élèves (l'effectif avoisinerait la cinquantaine pour certaines), des blocs sanitaires insalubres, des murs en ruine, des cours d'école dangereusement dégradées, des cantines qui ne disposent pas du minimum requis pour une alimentation saine et d'autres nouvellement acquises qui n'ont pas ouvert leurs portes, comme celle du lycée de Ziaiana. Une conjoncture globalement alarmante, à laquelle s'ajoutent des problèmes de stabilité de l'encadrement dans certains établissements. Crise Des rencontres quasi quotidiennes et une cellule de crise au CEM Korichi Abdelkader. Mais que se passe t-il vraiment à Rouissat ? La commune a donné à la wilaya de Ouargla ses deux derniers présidents d'APW. Des personnalités connues et vraisemblablement à l'écoute, qui étaient conviées en juin et juillet dernier aux fêtes de fin d'année organisées en l'honneur des lauréats de la commune dans les différents paliers scolaires. Car, faut-il le souligner, Rouissat peut se targuer d'avoir les meilleurs résultats scolaires de la wilaya de Ouargla depuis une bonne décennie. Abou Yaakoub Al Warjilani, Malek Bennabi étaient jusqu'à juillet 2014 les noms d'un collège et d'un lycée performants, exemplaires au vu des résultats scolaires cumulés ces dernières années. Les associations de parents d'élèves mettent au jour, en ce mois de septembre 2014, «la face cachée d'une scolarisation catastrophique et des résultats obtenus par la force des bras grâce à l'abnégation des enseignants et la volonté des élèves soutenus par leurs familles» entend-on dans le discours des délégués des parents qui se succèdent devant la porte de l'académie et annoncent un cran de plus dans la pression afin de susciter des réponses concrètes et immédiates. Décongestionnement Entretemps, le directeur de l'éducation de la wilaya de Ouargla mène sa cellule de crise qui prône l'apaisement et l'écoute mutuelle. Pour M. Mestour, «la surcharge des classes est un fait, c'est un phénomène national reconnu et la situation des établissements scolaires, notamment primaires, est prise en charge selon les priorités». Selon lui, le blocage actuel de la situation à Rouissat est dû au refus des parents de laisser l'entrepreneur finaliser le chantier des nouvelles classes scolaires qui assureront un désengorgement. Désengorgement. C'est le maître-mot de la situation. Selon le wali, les solutions existent, elles sont mises en œuvre, mais nécessitent du temps : «Les associations profitent de la conjoncture pour mettre la pression. La rentrée est le moment propice pour revendiquer et nous sommes à l'écoute. ». D'où l'état des lieux présenté lundi soir par le directeur de l'éducation alors que Ali Bouguerra, le wali, endeuillé par la perte de sa mère, rentrait la veille d'un voyage à l'est du pays. En cette fin septembre, le front social s'embrase de nouveau à Ouargla, où les citoyens du quartier périphérique de Bamendil sont également montés au créneau hier. On y demande un lycée depuis plusieurs années. Les chômeurs, après une série de blocages de route et de détournement de citernes de gasoil, reviennent à la charge et se font entendre. Tout le monde veut du concret. Maintenant.