10h hier. Un mouvement inhabituel est observé au barrage fixe de Takhoukht, sur la RN30. Le barrage, renforcé par des dizaines d'éléments de l'ANP, contrôlait quasiment tous les véhicules de passage. Un dispositif de sécurité spécial a été mis en place juste après l'annonce du rapt, dimanche soir, du ressortissant français, non loin d'Aswel, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, soit à la limite avec la wilaya de Bouira. La nouvelle de ce kidnapping a mis en émoi la population locale et sur le pied de guerre les forces de sécurité qui ont engagé d'intenses recherches pour retrouver l'otage. Non loin de Takhoukht, à l'intersection qui mène vers Ouacif, un autre dispositif de la Gendarmerie nationale a été également mis en place. La circulation routière n'était pas dense, hier, notamment sur ce tronçon routier qui dessert plusieurs localités de la Haute-Kabylie, dont le massif montagneux du Djurdjura, où nous avons trouvé des renforts importants de l'ANP stationnés à Tizi n'Koulal. Selon certaines sources, pas moins de 1500 hommes ont été mobilisés par l'ANP pour ratisser la région. Des militaires étaient également en activité dans les forêts environnantes pour pister les ravisseurs. Des véhicules banalisés transportant, sans doute, de hauts gradés de l'armée et de la gendarmerie étaient aussi sur les lieux. La veille, on nous a parlé, notamment, du déplacement du commandant de la Gendarmerie nationale, Ahmed Boustila. «Oui, c'est un étranger qui a été enlevé par des terroristes mais, on ignore les circonstances exactes de ce rapt. Une chose est sûre : l'otage était avec un groupe de citoyens de la région», nous confie un jeune rencontré à Aswel. Selon lui, les groupes armés n'opèrent pas souvent en raison du nombre réduit de leurs éléments. Ils passent à l'action quand ils constatent une baisse de vigilance, précise notre interlocuteur. Sur la route de Tikjda, dans la wilaya de Bouira, un climat de peur était perceptible chez les rares automobilistes qui empruntaient cette voie. «Le touriste français a été kidnappé loin d'ici. Du côté d'Aswel. Nous recommandons souvent aux touristes de ne pas s'aventurer dans des endroits où il y a risque de rencontrer des terroristes, notamment dans les lieux limitrophes aux forêts», nous a-t-on dit à l'hôtel Tikjda, un établissement qui ne désemplit pas à longueur d'année. L'armée a pilonné les maquis, la veille, dans la commune d'Iboudrarène, où les citoyens n'arrivent pas à oublier le carnage perpétré par les groupes armés contre un bus de transport de militaires, il y a quelques mois, 11 éléments y avaient péri. «A chaque fois qu'ils sont signalés dans la région, les terroristes passent à l'action en perpétrant leurs actes ignobles. La région est livrée à l'insécurité. On voit des opérations militaires enclenchées toujours au lendemain d'un acte terroriste», nous dira un villageois à Iboudrarène. Non loin de là, alors que les déclarations des officiels font état du kidnapping d'Hervé Gourdel à Aït Ouavane, dans la commune d'Akbil, daïra de Aïn El Hammam, à 70 km au sud-est de Tizi Ouzou, les habitants de ce village réfutent catégoriquement ces informations, précisant toutefois que le ressortissant français n'a pas été enlevé chez eux, ni en compagnie de citoyens de leur bourgade. «Aucun étranger n'a été enlevé dans le village. Ce ressortissant français n'est pas venu ici. Tout le monde aurait remarqué sa présence si c'était le cas. S'il était venu au village, on l'aurait protégé car on est bien organisé. Les terroristes, même s'ils transitent par Agouni L'houra, près du massif du Djurdjura, ne passent jamais par notre village où les habitants sont très bien organisés», ont souligné des citoyens rencontrés à la placette de ce village implanté au pied du Djurdjura. De retour à Yatafen, à 17h, nous avons trouvé le même décor. Un important barrage de la gendarmerie a été mis en place à El Had, au chef-lieu de la commune, pour assurer un contrôle systématique de tous les automobilistes.