Euphorique, le 40e anniversaire du carnaval de Notting Hill, dans l'ouest de Londres ! Un ciel menaçant durant toute la matinée de lundi et les pluies intermittentes n'ont pas découragé les festivaliers, au nombre de 1 million, de venir faire la fête et danser aux rythmes de la musique calypso, r'n'b et autres airs des Caraïbes. La police a déployé un impressionnant service d'ordre, avec la présence de plus de 10 500 bobies, qui se sont mêlés aux fêtards, affichant un air débonnaire, ne refusant pas de poser pour une photo souvenir ici, acceptant de faire un pas de danse là, tout en rappelant à l'ordre les trouble-fêtes. Pourtant, les rabat-joie ne cessent de prédire la fin d'un carnaval dont on dit qu'il devient trop commercial, avec les sponsors des grandes firmes de téléphonie mobile, d'alcool et de l'industrie du disque, alors que les riverains, notamment la jet-set de Londres qui habite Notting Hill Gâte, se plaignent du bruit et de certains qui prennent la liberté de se soulager devant leurs villas, cottages et autres luxueuses bâtisses. En plus, ces dernières années, les puristes du carnaval se sont plaints du fait que l'événement était de plus en plus récupéré par l'establishment, particulièrement le carnaval de l'an 2002 qui avait été lié au Jubilé de la reine. Chose que dément Debi Gardner, directrice du London Notting Hill Carnival Ltd, selon laquelle le carnaval demeure fidèle à ses racines. « Le carnaval s'est certes développé. Il a évolué avec le temps, mais il retient ses traditions. On ne peut pas être plus traditionnel que les groupes et danseurs qui se sont produits aujourd'hui », affirme-t-elle. Et elle avait raison ! Des milliers de danseurs et de danseuses, portant des masques des temps païens, décorés de plumes, habillés de costumes traditionnels aux couleurs écarlates, suivent des camions-tracteurs géants, dotés de baffles qui éjectent des musiques à vous faire éclater les tympans. La foule n'hésite pas à suivre les danseurs, exécutant gauchement des pas de danse, essayent de « copier » les jeunes déesses noires, aux corps taillés dans de l'ébène et dont les mouvements et gestes donnent le tournis. De temps en temps, on se surprend à danser sans le vouloir vraiment, l'atmosphère du carnaval prenant le dessus sur toutes les inhibitions et la timidité pour une fois se laisse vaincre par la spontanéité de l'événement et des gens, par l'ivresse de la bière et l'odeur du cannabis qui flotte sur le carnaval. Sans le vouloir aussi, une personne que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam parfois vous prend la main et vous invite à danser. Tout cela sans agressivité, sans violence, sans animosité, et avec des « If you please » et des « Thank you » à volonté. A ce sujet, un des porte-parole de Scotland Yard, Wyane Mawson, a déclaré lundi soir que « l'atmosphère était fantastique, le carnaval a été très pacifique ». Certes il y a eu quelques arrestations ici et là, notamment pour vol, agression verbale ou état d'ébriété avancé. Mais pas de grands problèmes. Le plus grand carnaval de rue de l'Europe peut se targuer d'être un événement populaire, familial, qui draine les foules de contrées aussi lointaines que le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et les Etats-Unis, sans parler des pays proches du continent. Il est unique en Europe parce que les organisateurs ont réussi à en faire un événement qui a réussi la symbiose entre les acteurs et leur public. Un événement « cool » dans le pur sens britannique. See you at the next carnival.