Le gouvernement français vient de subir un vrai couac sur le plan sécuritaire, voire un «fiasco» selon l'expression de la presse française. Paris De notre correspondant Alors que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, n'a cessé de répéter ces derniers jours que la France n'a pas peur du terrorisme et qu'elle est bien protégée contre n'importe quel attentat, trois djihadistes présumés sont rentrés de Syrie, via la Turquie, sans être inquiétés par les Services français. Les trois suspects sont arrivés mardi par l'aéroport de Marseille, sans aucun comité d'accueil, alors que les services de police les attendaient à Orly (Paris). Ils se sont finalement livrés eux-mêmes à la gendarmerie de Caylar, dans l'Hérault, hier en fin de matinée. Cet incroyable raté des services de renseignement français a suscité un tollé de critiques et de questions reprochant au ministre de l'Intérieur son «amateurisme». Pour répondre à ses détracteurs, Bernard Cazeneuve a parlé hier matin de «dysfonctionnement entre les services turcs et les services français». Le premier policier de France a ordonné l'ouverture de deux enquêtes, dont une administrative, afin de faire la lumière sur les causes de ce dysfonctionnement. Il a, en même temps, annoncé qu'il se rendrait prochainement en Turquie. «Une concertation approfondie mérite d'être engagée entre les autorités françaises et turques, de manière à ce que d'autres événements de ce type ne se produisent pas», s'est-il justifié devant la presse. Contradictions et tâtonnements Cette déclaration confirme la contradiction dont fait preuve la communication du gouvernement français concernant ce sujet. La veille de l'incident, le même responsable parlait d'une «bonne coopération entre les services des deux pays». Dans la journée de mardi, le ministère de l'Intérieur a rendu public un communiqué indiquant que «trois hommes, dont le mari de Souad Merah, sœur de Mohamed Merah, ont été arrêtés aujourd'hui à l'aéroport d'Orly dans le cadre d'une enquête liée à une filière djihadiste» et précisant que «les trois hommes ont été interpellés à leur retour de Turquie, où ils avaient été arrêtés fin août par les autorités alors qu'ils revenaient de Syrie, où ils se trouvaient depuis février-mars 2013. Ils ont été placés en garde à vue». Le soir même, un deuxième communiqué a été publié pour contredire carrément le premier. Il explique que «les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l'arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés». Et d'indiquer que le commandant de bord du premier vol, qui devait les rapatrier sur Paris, avait refusé de les embarquer. De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a renvoyé la responsabilité de cet incident aux services de renseignement turcs parlant d'une «initiative malencontreuse d'Ankara». «Il y a manifestement un gros cafouillage mais il est en grande partie dû aux difficultés, à l'absence de très bonne collaboration avec les services turcs. Ce cafouillage montre qu'il faut renforcer les relations, les méthodes et les actions avec les autorités turques», a-t-il ajouté. Quant à l'opposition, menée par l'UMP, elle a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire. En attendant, les trois présumés djihadistes ont été placés en garde à vue et devraient être entendus par un juge antiterroriste.