Arrestations ■ Six personnes soupçonnées de s'être rendues récemment en Syrie, ont été interpellées et placées en garde à vue dans le cadre de l'opération anti-djihadiste menée à Strasbourg ce matin. C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, «Conduite dans un cadre judiciaire par la nouvelle Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) appuyée par le Raid, l'opération s'est parfaitement déroulée», a précisé le ministre lors d'une déclaration à la presse à Beauvau. Il s'agit, selon lui, d'une «nouvelle démonstration de la détermination totale du gouvernement à lutter de toutes ses forces contre le terrorisme et l'embrigadement des jeunes dans la radicalisation violente», a ajouté le ministre. Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agit de vérifier si ces personnes se sont rendues en Syrie fin 2013 avec l'intention d'y mener le jihad. Des journalistes ont constaté sur place que l'opération était toujours en cours peu avant 9 heures, devant une barre d'immeubles de la rue de Provence, dans ce quartier sud de la capitale alsacienne. Plusieurs véhicules d'intervention étaient visibles devant un de ces immeubles. Des membres des unités d'élite de la police et de la gendarmerie sont intervenus encagoulés et lourdement armés dans ce quartier d'habitations du sud-ouest de Strasbourg, près de la frontière avec l'Allemagne. Selon des témoignages recueillis sur place, deux jeunes djihadistes qui ont trouvé la mort en Syrie étaient originaires de ce quartier, et d'autres étaient revenus de Syrie il y a environ un mois. De source proche du dossier, quelque 780 personnes vivant en France sont parties pour la Syrie dans les rangs des groupes djihadistes. Certaines sont en route vers ce pays ou en sont revenues. La mort d'une petite trentaine d'entre elles a été recensée, selon cette source. Bernard Cazeneuve avait chiffré début mai à 285 le nombre actuel des Français engagés sur les théâtres d'opérations en Syrie, soit «une hausse de 75 % ces six derniers mois et comparable à celle des ressortissants d'autres pays européens». 120 «seraient en transit vers la Syrie, 25 ont été tués lors des combats et une centaine seraient revenus en France après avoir combattu», avait-il ajouté. 116 femmes et une trentaine de mineurs sont concernés par ces filières. Il est très aisé de se rendre dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie en voiture ou en autocar depuis la France, pour éviter les contrôles aux aéroports, et de rester ainsi sous le radar des enquêteurs, avant de passer ensuite en Syrie. En France, plusieurs dizaines de procédures judiciaires sont ouvertes. La France, soutien de la rébellion en Syrie, a récemment pris des mesures pour «dissuader» et «punir» les candidats français au djihad, un phénomène difficile à enrayer. Le gouvernement a notamment mis en place un numéro de téléphone gratuit pour inciter les familles des candidats au djihad à alerter les autorités. Les services de renseignement redoutent qu'à leur retour certains ne commettent des actes terroristes en France. Les autorités françaises sont également confrontées à un paradoxe : elles veulent empêcher des jeunes de partir combattre en Syrie le régime de Bachar al-Assad, un pouvoir condamné par Paris, qui soutient officiellement les rebelles syriens.