Le prix littéraire François-Mauriac est décerné chaque année par l'Académie française. Il récompense le roman d'un jeune écrivain. L'insigne honneur est revenu à notre confrère et auteur, Kamel Daoud, pour son roman Meursault contre-enquête, paru aux éditions Actes Sud, en France, et Barzakh, en Algérie. Cette distinction littéraire lui sera décernée le 10 octobre à l'hôtel de Région, à Bordeaux, en France. La trame du livre ? C'est le frère de «l'Arabe» tué par un certain Meursault, dont le crime est relaté dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui, depuis l'enfance a vécu dans l'ombre et le souvenir de l'absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l'anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée. Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d'Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d'un dieu, son désarroi face à un pays qui l'a déçu. Etranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin… Hommage en forme de contrepoint rendu à L'Etranger d'Albert Camus, Meursault contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l'identité. En appliquant cette réflexion à l'Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent. Il faut rappeler que Kamel Daoud est aussi en lice pour d'autres prix littéraires, notamment le Goncourt 2014, le prix des Cinq continents de la francophonie, le prix des Lettres arabes et le Renaudot (première sélection). Né en 1970 à Mostaganem (300 km à l'ouest d'Alger), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il est journaliste au Quotidien d'Oran – troisième quotidien national francophone d'Algérie –, où il a longtemps été rédacteur en chef et où il tient depuis douze ans la chronique quotidienne la plus lue d'Algérie. Ses articles sont régulièrement repris par la presse française (Libération, Le Monde, Courrier international...). Il vit à Oran. Il est l'auteur de plusieurs récits dont certains ont été réunis dans le recueil Le Minotaure 504 (Sabine Wespieser éditeur, 2011), initialement paru à Alger sous le titre La Préface du nègre (éditions Barzakh, 2008) et distingué par le prix Mohammed Dib du meilleur recueil de nouvelles en 2008. Traduit en allemand et en italien, salué par la critique française, Le Minotaure 504 figurait sur la liste de sélection finale du prix Wepler et sur celle du Goncourt de la nouvelle 2011.