Les habitants d'Alger ont été secoués hier par un séisme d'une magnitude de 3,6 sur l'échelle de Richter. Plus de peur que de mal, diront les uns. L'horloge indiquait 14h22 quand une impressionnante « détonation » fut entendue. « Une bombe », se prononce un collègue. « C'est l'explosion d'un bâton de dynamite dans le tunnel du métro », renchérit un autre. Les rumeurs les plus folles circulaient dans les couloirs de la maison de la presse Tahar Djaout. Des habitants du quartier vulnérable de Belcourt, au tissu urbain vétuste, se sont précipités vers l'extérieur. Les taxiphones sont pris d'assaut par des hommes, des femmes et des filles terrifiés, voulant s'enquérir de la situation des parents et proches en l'absence du réseau de téléphonie mobile, en dérangement des suites de la secousse. Les Belcourtois ne sont pas les seuls puisque même à Saïd Hamdine, Bir Mourad Raïs, Bouzaréah, Hydra et presque partout ailleurs, selon des échos qui nous sont parvenus, hommes, femmes et enfants ont préféré quitter leurs maisons et élire domicile sur les grands espaces, parkings ou dans les jardins publics. La peur d'un certain 21 mai 2003, lorsqu'un séisme a ébranlé Boumerdès et une partie de la capitale, faisant 2300 morts et plus de 10 000 blessés, est encore présente dans les esprits. Lors de notre tournée dans les rues d'Alger, quelques familles, qui ont quitté précipitamment leurs demeures, sont retournées chez elles quelque temps après. Sur les balustrades du front de mer du Kettani, à proximité de la DGSN, des couples, des familles et des personnes en solo contemplaient le bleu de la mer et le va-et-vient des navires comme si de rien n'était. Pas le moindre mouvement de panique ni des enfants en pleurs, avons-nous constaté. Idem pour le front de mer de Bordj El Kiffan, à l'est d'Alger, où des familles goûtaient aux délices des glaces alors que des centaines de baigneurs étaient allongés sur le sable fin de cette plage. Le préposé au parking sur ce front de mer que nous avons interrogé a indiqué que des locataires d'un hôtel d'à-côté ainsi que des habitants d'une villa coloniale ont abandonné leurs demeures avant de les regagner quelque temps après. Au niveau de la principale place ou bien des quartiers de cette commune, aucun mouvement de panique n'a été enregistré. Il y avait plus de peur que de mal. Fort heureusement d'ailleurs.