46 ans, métier libéral, physicien en électronique, Amine Sidi Saïd prépare les premières journées témouchentoises du court métrage qui auront lieu en octobre. Il s'y applique avec la foi du charbonnier avec un budget trop serré, comptant sur la compréhension des cinéastes participants. L'initiative est remarquable dans une wilaya où toute une génération n'a pas idée du grand écran. En ce sens, cet homme réservé mérite un coup de projecteur, lui dont la discrétion lui a fait préférer être derrière la caméra plutôt que devant puisqu'il est cinéaste-amateur. Son premier contact avec le 7ème art en tant que spectateur, c'était dans les années 70 à sa préadolescence. Puis, c'est le blanc, le cinéma n'étant plus en notre pays. Amine allait retrouver épisodiquement le plaisir des salles obscures à l'âge adulte lors de voyages à l'étranger. Et puis, le hasard du métier, de l'usage de l'outil informatique et des logiciels 3D, le rapprochent de l'audiovisuel. Il se met à la réalisation de films en amateur non sans s'être payé des cours d'initiation en ligne à partir du Canada : «On n'apprend pas vraiment le métier mais cela ouvre les yeux», avoue-t-il. Mais plutôt que parler de lui, c'est sur les journées qu'il préfère parler. ****************************** -Comment vous est venue l'idée d'organiser des journées cinématographiques ? Depuis toujours, le festival de Cannes, avec ses stars, ses strass et tout son décorum me fait rêver. Cela me donnait des idées plus grandes que moi d'autant que dans mon pays, hélas!, avoir des rêves, c'est presque interdit. Puis, fortuitement, lors d'une discussion avec le directeur de wilaya de la culture de Témouchent, il m'a parlé de l'idée de journées du court-métrage. Vous imaginez bien si je m'y suis agrippé pour que cela ne demeure pas une idée dans l'air. Aussitôt, j'ai monté une association, Ennejma essabia, pour que le projet puisse être officiellement agréé et qu'il bénéficie d'une aide publique. Et puis, en janvier 2014, j'ai ouvert une page facebook pour annoncer la tenue des 1ères journées, ce qui a permis de susciter la participation des cinéastes du court. -Pourquoi spécialement le court-métrage ? Le long métrage c'est une logistique démente. Elle est très loin de nos moyens et de nos ambitions actuelles. Avec le court, on est dans le maîtrisable. Cependant, question qualité, le format court n'est pas moins digne d'intérêt que le format long puisque même les plus grands cinéastes le privilégient parfois au long métrage, pas faute de moyens, mais parce qu'il correspond mieux au sujet qu'ils veulent mettre en images. -Qui sont les participants ? Ils sont au nombre de 27. Les œuvres de certains ont été primées dans d'autres festivals, à l'étranger. Parmi eux, il en est qui font le passage par le court pour apprendre le métier ou pour prouver à d'éventuels producteurs la maîtrise de leur art et leur potentiel créatif. D'autres le font pour leur propre plaisir même si réaliser un film court en notre pays est plus qu'une course d'obstacles, ou plutôt ce sont des montagnes d'obstacles à escalader entre l'acquisition ou la location du matériel, la réunion d'un budget, l'obtention des autorisations de tournage et au bout de cette galère ne rien gagner. Aussi, je souhaite vivement que mes concitoyens témouchentois qui ont perdu le bonheur du grand écran nous fassent l'amitié d'être parmi nous et de contribuer aux débats qui suivront les projections. Je peux les assurer qu'ils ne seront pas déçus.