S'imposer face à une rude concurrence instaurée par des chaines internationales de renom, engager un programme de modernisation indispensable et attendu depuis des mois pour rester compétitif et répondre, ainsi, aux aspirations d'une clientèle exigeante, tel est le challenge que devront réussir les établissements hôteliers administrés par l'Entreprise de gestion touristique de l'Est (EGT-Est). De plus, avec l'événement de 2015, Constantine est appelée à briller de mille feux, et par transitivité ses hôtels aussi. Pour ce faire, les pouvoirs publics ont consenti à débloquer une somme considérable pour moderniser les hôtels Cirta et Panoramic, d'autant que le premier va être élevé au rang de palace ! Un projet ambitieux au coût faramineux, évalué à près de… 10 milliards de dinars. L'enveloppe primaire a été, en fait, multipliée par dix pour une réhabilitation au demeurant budgétivore avoisinant le coût de construction d'un hôtel neuf. D'où, peut-être, le black-out total qui a régné pendant des mois dès qu'il s'agissait d'obtenir ce fameux montant que les responsables du secteur ont veillé à le préserver jalousement secret, et ce, jusqu'à la visite de la ministre du tourisme à Constantine, le 9 septembre dernier, pour s'enquérir de l'état d'avancement des travaux. Entre le prétendu milliard de dinars avancé par les acteurs du secteur pour opérer une mue quasi-totale de ces hôtels et le montant réel, enfin dévoilé, de 9,5 milliards de dinars (5 milliards de dinars pour le Cirta et 4,6 milliards de dinars pour le Panoramic), il n'y a vraiment pas photo ! La somme a été carrément décuplée pour les besoins d'un important chantier, par un Etat prêt à faire des folies pour que Constantine soit prête pour 2015 ! L'enveloppe antérieure prévue pour la modernisation du Cirta et du Panoramic avoisinait le milliard de dinars, or pour «révolutionner» ces vieux hôtels, il fallait mettre le paquet financièrement afin de les adapter aux nouvelles normes internationales, «pour répondre aux exigences de la clientèle, visant de ce fait un regain d'activité et par voie de conséquence une nette amélioration des résultats financiers», a assuré à El Watan M. Boudraâ, directeur de l'EGT Est lequel estime, par ailleurs, que «ces deux hôtels ont néanmoins continué de répondre aux exigences de la clientèle car nous avons les ressources humaines ainsi que l'expérience». Les invités chez la… «concurrence» Fermés depuis la mi-juillet 2014 pour les besoin des travaux de modernisation dont ils vont bénéficier, la réhabilitation de ces entités, qui aurait du être entamée il y a déjà près d'une année, devrait durer environ 9 mois. Autrement dit, les hôtels ne seront pas réceptionnés avant le début de la manifestation culturelle de 2015, comme cela était prévu. La SIH, maître d'ouvrage délégué, «rompue à ce genre de travaux», nous dit-on, censée mettre les bouchées doubles pour doter l'hôtel Cirta d'une piscine, d'une salle de remise en forme, d'un restaurant de gala, d'un second restaurant ouvert 24h/24 et d'une suite présidentielle, ne pourra pas faire de miracles pour tout finaliser avant le début de la manifestation prévue le 16 avril 2015. Le retard enregistré pour entamer l'opération de réhabilitation et de relooking intense de ces deux entités hôtelières, ne pourra, hélas, pas être rattrapé. Partant, le Cirta et le Panoramic n'accueilleront pas les invités de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe qui seront, dès lors, hébergés dans des hôtels «concurrents». Cela dit, si l'on devait sortir les travaux du contexte culturel de 2015, Constantine gagnera néanmoins deux «nouveaux» hôtels, flambants neufs, capables d'offrir à leur clientèle des prestations et un hébergement de qualité. Ils pourront également faire face à la concurrence de l'hôtel Ibis, le Novotel, et le Marriott, dont la réception est prévue avant la fin de l'année en cours. Les affaires avant le tourisme Depuis le 22 septembre 2012 plus précisément, jour de l'inauguration du Novotel et de l'Ibis, la concurrence fait rage, en effet, dans le secteur hôtelier à Constantine où les établissements publics doivent être impérativement reclassés pour s'adapter à la «guerre des étoiles» et se hisser aux normes internationales, d'autant que les critères de classement ont changés à l'échelle mondiale. «Il faut se battre pour continuer à exister, il faut avoir une agressivité commerciale pour se maintenir. A Constantine, il y a beaucoup plus une clientèle d'affaires et avec l'évènement de 2015, il y aura sans doute plus de touristes», soutient le directeur de l'EGT-Est, qui a décidé d'exploiter tous les atouts touristiques de l'antique Cirta pour tenir tête aux hôtels de la chaine Accor, mais aussi à la prochaine mise en service d'un Marriott 5 étoiles. Pour ce faire, l'EGT-Est a misé sur la convention signée en novembre 2012 avec l'Office national du tourisme (ONAT) dont l'objectif principal est d'encourager le tourisme de qualité avec en outre des prix étudiés pour les groupes de touristes ainsi que des réductions pouvant atteindre 40%. «Nous avons enregistré des résultats. Il y a eu un dynamisme nouveau et malgré la concurrence, nous avons réussi à partager les parts de marché», nous avait affirmé, il y a quelques mois, le directeur de l'EGT-Est à ce sujet. Mise à niveau budgétivore Pour que ses structures soient et restent compétitives, l'EGT-Est a également entrepris de mettre a niveau d'autres établissements lui appartenant, à savoir les hôtels Chelia (Batna) et Bougaroun (Collo), le complexe thermal de Hammam Guergour (Sétif) et enfin, Les Hammadites (Béjaïa). Ce projet rentre dans le cadre de la modernisation du parc hôtelier public national, visant à mettre à niveau près de 70 infrastructures étatiques pour améliorer les prestations de services et donner ainsi un nouveau souffle au tourisme dans notre pays. «Les travaux comportent la réhabilitation, l'extension et une mise aux normes internationales», a précisé à ce sujet, M. Boudraâ. Bâti sur 2 hectares uniquement alors qu'il dispose d'une superficie globale de 10 hectares, le complexe balnéaire Les Hammadites va connaître, outre un programme de modernisation, des extensions importantes à savoir la création de bungalows, de piscines pour adultes et enfants, d'une piscine couverte, d'une salle pouvant accueillir des séminaires, un aquaparc, une pizzeria, une pêcherie, un parking de 400 places ainsi que des terrains de sport. «Avec ces extensions, Les Hammadites sera un véritable complexe aux normes internationales. Les études entreprises par le Bureau d'études de réalisation et d'engineering des projets sont achevées», affirme M. Boudraâ. Quant à Hammam Guergour, il est pris en charge par un bureau tunisien en vue de sa modernisation, d'autant que ce complexe thermal est important et très connu pour les bienfaits de ses eaux thermo-minérales radioactives, classé au 3e rang mondial. Cela étant, il est important de souligner que ces opérations de réhabilitation tous azimuts, annoncées de longue date, se sont enlisées dans les méandres de la prétendue «complexité des études» et ont impliqué immanquablement une hausse exponentielle du budget initialement prévu. Pour le Cirta et Panoramic, c'est une toute autre histoire : ils doivent leur relooking au prix fort à un événement culturel pour lequel ils ne seront malheureusement pas au rendez-vous.