Contrairement à la tradition, la vente des pétards n'est pas limitée à la période du Mawlid Ennabaoui Echarif, mais attire des clients tout au long de l'année. Depuis quelque temps, la capitale vit au rythme des decripitement de feux d'artifice. Il s'agit de jeunes amateurs de grandes sensations qui font éclater des pétards de jour comme de nuit. Pétards, fusées à baguettes, fusées pétards, feux d'artifice, confettis, fumigènes et serpentins connaissent une très grande demande. Djamaâ Leyhoud, à La Casbah, est la destination de tous ceux qui désirent faire leurs munitions. «Je n'ai jamais pensé que vendre des pétards pouvait me rapporter autant d'argent, déclare Zoheir, la vingtaine, détenteur d'un étal où plusieurs modèles de feux d'artifice étaient exposés. Contrairement aux anciennes habitudes où les pétards n'étaient vendus que pour célébrer la fête du Mawlid, nous avons des clients tout au long de l'année.» Une fougue dérangeante Même la cherté de ces produits n'arrive pas à dissuader cette demande. Selon Sid Ali, un autre vendeur, les prix sont toujours à la hausse. Un simple feu d'artifice coûte 1000 DA. «Bien sûr un seul ne suffit pas, déclare notre interlocuteur. Il faut au moins quatre ou cinq. D'après mon continuel contact avec les clients, ces derniers préfèrent les feux d'artifice à bâtons. Même s'ils coûtent 2500 DA l'unité, ils en achètent pas moins de quatre. Un autre modèle est aussi très demandé. Il s'agit des feux d'artifice en boîte. On les préfère parce qu'ils sont plus sûrs et contiennent beaucoup plus de couleurs. C'est la raison pour laquelle leur prix est à 11000 DA.» Pour leur provenance, il déclare qu'ils ont leurs fournisseurs et que même si cela se passe dans la grande illégalité, ces produits n'ont jamais manqué sur le marché.Au même moment, un jeune style hip-hop, dont l'âge ne dépasse pas les 17 ans, s'est présenté en compagnie de son copain pour acheter deux grosses boîtes de pétards haut de gamme et trois autres de feux d'artifice. Le jeune a dépensé sans hésitation près de 15 000 DA pour, comme il l'a déclaré, «se défouler». «Depuis le dernier incident qui a causé le décès du joueur de la JSK, nous n'avons plus le droit de ramener des fumigènes au stade. Nous les utilisons près de chez nous pour créer une ambiance festive et briser la routine», ajoute-t-il. Toujours à Djamaâ Leyhoud, un vieux commerçant de vêtements explique que ces jeunes sont bourrés d'énergie et trouvent en ces jeux un moyen d'exprimer leur fougue. Un autre explique que ces feux d'artifice remplacent l'ancienne tradition du baroud. Chose qui justifie leur utilisation durant les mariages. Une pratique qui fait le bonheur des mariés et de leur famille, mais cause beaucoup de désagréments aux voisins. Fadhila, une quinquagénaire, ne cache pas sa colère quant à l'utilisation de ces produits bruyants : «Nous n'avons plus le droit de dormir tranquillement. Ils adorent lancer ces feux d'artifice la nuit sans se soucier des autres. C'est devenu un vrai cauchemar que nous sommes obligés de vivre au quotidien. C'est insupportable !» En plus de ces nuisances nocturnes, ces jeux pyrotechniques sont d'une extrême dangerosité. Toute mauvaise manipulation peut causer des brûlures et blessures très graves. D'après la direction de la Protection civile, les incidents causés par l'utilisation de ces produits sont nombreux. Les interventions augmentent durant la période de la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui Echarif.Dans leur bilan, une centaine de blessés sont déplorés chaque année. Même s'ils sont amusants, les consommateurs de pétards et de feux d'artifice ne doivent pas oublier qu'ils jouent avec le feu.