Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le ministre du Commerce a estimé que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC obéira d'abord à assurer les intérêts de notre pays. L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ne se fera pas au détriment des intérêts économiques du pays. C'est ce que soutient le ministre du Commerce, Amara Benyounès, pour qui l'accession de l'Algérie à cette organisation mondiale se fera «en respectant son rythme et en protégeant ses intérêts économiques». Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, M. Benyounès a indiqué que le processus de négociation «suivait son cours le plus normalement possible» et que les intérêts économiques du pays «seront défendus au mieux». «Nous avons une industrie que nous sommes en train de remettre en place et il est absolument hors de question de brader les 10 milliards de dollars que nous investissons dans ce secteur, comme il est hors de question de brader un certain nombres d'efforts que nous sommes en train de déployer dans l'agriculture ou les services», a-t-il encore affirmé. Selon lui, le dossier d'adhésion de l'Algérie à l'OMC est sur la bonne voie, «bien encadré par le gouvernement». Il n'en demeure pas moins que ce dossier fait toujours l'objet de polémique entre ceux qui voient que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC ne constitue pas une priorité et ceux qui en font une condition à même d'arrimer l'économie algérienne à l'économie mondiale. Pour le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, «l'OMC ne doit être ni une obsession ni un objectif. L'adhésion à cette organisation est juste une perspective». Il estime que la priorité est à «la construction d'une économie nationale forte» car l'OMC, selon lui, «n'est même pas une référence en matière d'organisation du commerce mondial, puisque ses initiateurs eux-mêmes sont les premiers à adopter des politiques économiques protectionnistes». Les adversaires d'une adhésion rapide à l'OMC avancent, aussi, l'argument que les exportations algériennes sont presque exclusivement des hydrocarbures et qu'une adhésion contraindra à une ouverture dévastatrice pour les entreprises algériennes. «Aujourd'hui, les entreprises nationales ne peuvent pas tenir face aux produits importés. Le premier des secteurs qui fera les frais de cette adhésion est l'agriculture. Des millions de familles et des milliers de travailleurs seraient directement touchés par cette ouverture», ont averti des experts. Et d'affirmer que l'Algérie n'est pas prête à accéder à l'OMC car «plus de 90% des entreprises nationales sont faibles et ne peuvent pas faire face à la concurrence étrangère. 45% de ces entreprises fermeront en cas d'ouverture de notre marché». D'autres experts pensent qu'au contraire, l'adhésion à l'OMC favorisera une «mise à niveau générale» de l'économie et instaurera une plus grande transparence dans les transactions commerciales internationales. Notons enfin que le président du groupe de travail chargé du dossier algérien auprès de cette organisation, Alberto D'Alotto (Argentine), effectuera une visite en Algérie le 18 octobre.