Invitée dans le cadre de la 2e édition du Festival de Casablanca, la star de la broken, la Suédoise Neneh Cherry a donné, vendredi soir, avec l'ensemble de son groupe Circus Featuring, un imposant concert à la place Rachedi. Dans la matinée, cette femme de caractère a donné une conférence de presse au cours de laquelle elle s'est prêtée à notre jeu de questions-réponses. Neneh Cherry est venue plusieurs fois seule au Maroc pour donner des concerts. mais aujourd'hui c'est un peu spécial, dans la mesure où vous faites partie désormais groupe du Circus Featuring... En effet, par le passé, je me produisais seule mais là, je suis venue en groupe. Je ne suis pas là en tant que Neney Cherry. Nous sommes dans cette magnifique ville en tant que groupe soudé dans l'intention de surprendre et de conquérir le public casablancais. Comment se sont rencontrés les quatre éléments du groupe ? Nous nous sommes rencontrés un peu par hasard. Mon mari, Burt Ford, qui est chanteur et bassiste, je l'ai rencontré à l'aéroport de Londres tandis que Karmil, le Dj et guitariste, nous l'avons croisé dans un studio d'enregistrement. Le quatrième élément, Lolita Moon, qui est au chant et au clavier, est venue plus tard se greffer au groupe. La majorité des morceaux sont composés entre la cuisine et la chambre. Karmil et Ford, les deux membres immuables et fondateurs de Circus se sont rencontrés quand Karmil a réussi à obtenir un poste d'assistant dans le studio d'enregistrement de Ford dans le nord de Londres. Un jour, Karmil entendit une façon de chanter très étrange sur un disque d'un groupe qui s'appelait Virgin Souls. Karmil pensait que la voix était celle d'une fille, et qu'elle était ensuite modifiée par une machine. Mais James Dring, l'ingénieur du son de Gorillaz qui travaillait pour Ford à cette époque, lui expliqua que c'était en fait la voix naturelle de Ford. Burt Ford est passé d'une carrière florissante en tant que photographe à la musique, après avoir écrit un scénario pour une publicité pour une marque de jeans qu'il réalisait pour une société pas très nette à Beyrouth, dont le budget ne laissait pas de place pour la musique. Voulant coûte que coûte garder son script original, il a donc loué à Londres le studio de Paul Caplin, l'impresario, afin d'enregistrer et d'écrire lui-même la musique. Ford admet lui-même qu'il n'avait pourtant jamais joué ou composé une note auparavant. Caplin, cependant, fut tellement impressionné par le résultat qu'il a proposé à Ford de signer un contrat pour un disque. Et depuis, il n'a plus lâché la musique. Ford et Karmil ont construit leur premier véritable studio à deux dans le loft de notre maison de campagne en Suède et se sont lancés pleinement dans l'album qu'ils avaient commencé à Londres. De toute évidence, j'aimais ce que j'entendais car rapidement je me suis mise à écrire et à chanter sur le disque de Circus. nous avons à notre actif un album. Justement après avoir mené une carrière en solo, ne pensez-vous pas que c'est un peu gênant d'intégrer un groupe ? Je pense que travailler en communauté est très intéressant, dans la mesure où chaque élément du groupe apporte son savoir-faire et son expérience. Nous sommes là en fait pour nous compléter et essayer de nous corriger. C'est un privilège d'avoir intégré le groupe. Il est à noter qu'à mes débuts j'ai travaillé avec des groupes donc je ne vois pas vraiment de changement. Il est clair que cette nouvelle expérience est différente de l'ancienne. Le groupe joue parfois des morceaux qu'il ne connaît pas. Le retour est formidable car les gens écoutent des tubes qu'ils ne connaissaient pas auparavant. Comment le groupe s'est-il rencontré ? Oh là là ! que c'est difficile de répondre à cette question (rires). Vous considérez-vous comme une artiste engagée, dénonçant les injustices à travers le monde ? Je me sens artiste au sens exact du terme. J'ai pour devise d'aider les gens qui ont le plus besoin de moi. Je ne me considère pas comme une porte-parole, mais je pense faire ce qui est le mieux pour autrui. Comment définissez-vous votre musique ? C'est avant tout une musique qui vient du cœur. Notre groupe est un quatuor qui réagit à la réalité. Notre formation est considérée comme un projet qui grandit comme une plante. Notre musique est une musique assez cassée dans les battements. C'est l'osmose d'une musique de trois êtres, à savoir Ford, Karmil et moi. Pour être plus explicite, le tri-hop n'existe pas vraiment. Notre musique est un mélange de hip-hop et de reggae. Nous aimons bien mélanger les musiques. La musique m'a permis de ressentir plus de liberté. Pouvez-vous nous parler de votre duo réalisé en 1994 avec Youssou N'Dour pour l'album 7 seconds ? Je connais Youssou N'Dour depuis très longtemps. J'avais 12 ans quand il venait dans notre maison en Suède. Mon beau-père était, pour ainsi dire, son manager. Nous nous sommes revus à New York et là est née l'idée de sortir un produit. Dans notre album, nous prônons la tolérance, et par ce fait le tour du monde en prêchant la bonne parole contre les injustices du racisme. notre duo a été un véritable succès, puisque le titre a été à la tête des hit-parades en France pendant 17 semaines. Il est important de travailler avec un artiste africain, surtout sur une chanson abordant le racisme. 7 seconds, chanté en wolof, la langue du Sénégal, en français et en anglais, compte les sept premières secondes de la vie d'un nouveau-né ignorant encore tout de la violence du monde qu'il vient de rejoindre. Pourrions-nous avoir un avant-goût de votre prochain album qui sortira en septembre à Paris ? Pour l'heure, je ne peux pas vous dire grand-chose, si ce n'est que cet album est un voyage musical. Quel regard portez-vous sur la guerre au Moyen-Orient ? Je suis très confuse par ce qui passe au Moyen-Orient. Nous avons décliné une invitation par le passé pour nous produire en Israël. Y aller, contribuerait certainement à faire passer un message d'amour et de paix.