Le mouvement Ennahdha multiplie les campagnes de porte-à-porte à travers les 27 circonscriptions de l'intérieur du pays et les six circonscriptions de l'étranger. Tunis De notre correspondant Au bout d'une semaine de campagne, la présence sur le terrain des partis politiques et des listes indépendantes traduit déjà un déséquilibre flagrant des forces en place, largement en faveur d'Ennahdha et Nidaa Tounes. Laquelle situation impose des interrogations sur les raisons empêchant les candidats des autres formations de percer au sein des masses d'électeurs. Il suffit de passer devant les emplacements destinés à la publicité électorale pour constater que plus de la moitié des cases sont vides et ceci ne concerne pas uniquement les endroits isolés et éloignés du centre-ville. Sur l'avenue Jean Jaurès et l'avenue de Paris au centre-ville de Tunis, relevant de la circonscription Tunis 1, il n'y avait respectivement que 16 et 18 affiches sur les 44 emplacements existants. Ce nombre d'affiches collées descend à huit devant l'école primaire de la cité Ibn Sina, un quartier populaire de la banlieue de Tunis. Interrogé sur les raisons de l'absence des affiches du mouvement Wafa (Fidélité à la révolution), leur tête de liste, Walid Ayari, explique que «l'argent politique est en train de faire la différence entre les partis». «Ce n'est qu'à la veille du début de la campagne électorale que l'instance des élections a débloqué les fonds publics pour les candidats. Or, les imprimeries exigent d'être payées d'avance. Donc, nos affiches n'ont pu être prêtes à temps», précise-t-il à El Watan. Le cas du mouvement Wafa est partagé par des dizaines d'autres listes. «Le budget public est limité et suffit à peine pour les déplacements des membres de la liste et la location d'une salle pour la tenue d'une réunion publique», souligne Mohamed Hédi Hamdi, tête de liste des Jeunes démocrates tunisiens à Tunis 1. «Les hommes d'affaires apportent leur soutien aux grands partis», ajoute-t-il. Potentiels différents Comme cela a été constaté dès le premier jour de la campagne électorale, les islamistes d'Ennahdha et les sympathisants de Nidaa Tounes sont les partis les plus en vue sur le terrain. Ils ont continué sur leur lancée, notamment du côté de Nidaa Tounes, qui a multiplié les meetings populaires réussis à Ksar Helal (gouvernorat de Mahdia), Séjenane (gouvernorat de Bizerte), El Fahs (gouvernorat de Zaghouan), etc. Par ailleurs, le président de Nidaa Tounes et candidat du parti à la présidentielle, Béji Caïd Essebsi, a déjà fait le plein dans des meetings tenus dans les salles de sports de Nabeul et Mellassine, un quartier populaire dans la proche banlieue de Tunis. Les listes de Nidaa Tounes procèdent également à des tournées dans les marchés hebdomadaires de toutes les villes de Tunisie pour distribuer des flyers et sensibiliser les électeurs. De son côté, le mouvement Ennahdha multiplie les campagnes de porte-à-porte à travers les 27 circonscriptions de l'intérieur du pays et les six de l'étranger. L'ancien chef de gouvernement et tête de liste d'Ennahdha à Tunis 1, Ali Laârayedh, a fait des tournées au centre-ville de Tunis et dans le marché hebdomadaire de Jebel Jloud, un quartier populaire au sud de Tunis. Ennahdha prévoit également, aujourd'hui et demain, des meetings populaires dans les quartiers Ibn Sina et Bab Souika.Pour sa part, le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, présidera deux meetings populaires à Bizerte et Kairouan, demain et mercredi prochain. De par l'importance de la présence des citoyens dans les meetings populaires organisés par Ennahdha et Nidaa Tounes, il est clair que ces deux partis font la course en avant. Nidaa Tounes est en train d'envahir les bastions traditionnels d'Ennahdha. Ce dernier essaie de faire de la résistance. La bipolarisation se confirme. Mais dans quel ordre ?